Résumé éditeur :
Guidé par un désir impérieux, un écrivain se rend en Amérique à la recherche d’un certain Glitter Faraday. Il veut retrouver un manuscrit qui a été confié à cet homme il y a plus de quarante ans à Alger, à l’époque où la ville accueille de nombreux mouvements de lutte et de libération, parmi lesquels les Black Panthers. Alger la blanche, l’effervescente, est alors la capitale des révolutions et du premier festival panafricain, porteuse en clair-obscur d’espoirs aussi intenses et profonds que les inévitables déconvenues qui jalonnent les luttes et les exils. Désormais, vieux et abîmé, Glitter vit dans la rue comme de nombreux Noirs à San Francisco. Il ne sait pas ce qu’est devenu ce manuscrit. Mais il a gardé des souvenirs précis de son séjour à Alger et il va illuminer cette histoire de bout en bout. Comme dans une partition de jazz où chacun a son rythme à imposer, Glitter va guider, à sa manière, le narrateur au-delà de sa quête.
Critique :
Tout d’abord je voudrais remercier le site Babelio et les éditions Project’Iles pour ce Service Presse.
Le début de ce récit est déroutant : le narrateur veut récupérer un texte écrit par un algérien, en Algérie et il a écumé les Etats Unis pour le retrouver. Très vite, le lecteur se pose de nombreuses questions. Qui est ce narrateur ? Pourquoi veut-il ce texte ? Comment ce texte est-il passé de l’Algérie ? Pourquoi ce Glitter a-t-il ce livre ? Qui est ce Glitter Faraday ? Ces questions trouvent une réponse mais il faudra attendre certaines réponses jusqu’à la fin du roman.
Le roman est aussi déconcertant car c’est un triple portrait de personnes à la recherche de Glitter Faraday et pourtant le narrateur le rencontre dès les premiers chapitres. Une fois l’homme rencontré et écouté, que pourrait-on apprendre de plus sur Glitter Faraday ? C’est probablement parce que Glitter n’est que le sommet de l’iceberg qui cache tellement de vies qui cherchent la même chose que lui. Le roman offre une galerie de personnages qui s’entrecroisent, se cherchent les uns les autres mais se ratent. Ils commettent le crime d’espérer malgré la malédiction qui pèse sur eux.
J’ai beaucoup aimé ce roman mais il est difficile d’en parler sans en dévoiler trop. C’est un vibrant hommage aux personnalités qui ont marqué le mouvement des droits civiques aux USA, notamment Charlie Mingus. Un vibrant hommage aussi aux hommes et aux femmes ordinaires qui ont cru dans ce mouvement, qui l’ont fait vivre et qui ont pu subir les conséquences de leur engagement, les “héritiers de la malchance”, comme le narrateur les appelle.
J’ai aussi été marquée par l’importance des mains, notamment dans la première partie mais un peu dans tout le roman : les mains, symbole du travail et de l’art, mains qui sont mutilées comme forme de torture ultime pour de nombreux “héritiers de la malchance”, que ce soit les noirs américains qui luttent pour leur droit ou les algériens victimes d’un pouvoir autoritaire. Les mains se sont aussi les liens familiaux quand la grand-mère de Glitter l’emmène, le tenant par la main. Les mains symbolisent bien l’ambivalence des hommes dans l’histoire et dans ce roman : cette partie du corps permet aussi bien de produire un travail, de l’art, de prendre dans les bras comme de repousser, de frapper et de mutiler.