Résumé :
Christopher Newman est un millionnaire américain qui vient à Paris pour se divertir, lassé des affaires. Il est poussé par la femme de son ami, Mrs Tristram vers une jeune aristocrate, Claire de Bellegarde. Mais la famille de la jeune femme réprouve les origines populaires du héros.
Critique :
Encore un Henry James … Un des premiers textes de l’auteur et je retrouve un certain nombre d’ingrédients qu’il utilisera par la suite.
L’un des premiers éléments qui m’a frappé dans ce roman est l’ambiance presque gothique du récit. Christopher courtise la jeune femme qui lui impose des interdits bizarres sans lui donner d’explication (ne pas lui parler de mariage pendant six mois après sa première demande), le sentiment d’urgence qui ressort des conversations de Christopher avec certains proches bien intentionnés à son égard (le jeune frère de Claire, sa vieille nourrice) comme si un compte à rebours ou une menace planait sur la jeune femme.
Autre élément déjà croisé chez l’auteur : ces femmes manipulatrices et marieuses (ou empêcheuses de mariage) qui se conduisent comme si les alliances qu’elles faisaient ou défaisaient étaient un jeu de stratégie. Il y a Mrs Tristram qui avive l’intérêt de Christopher sur les traces de Claire alors qu’elle est consciente qu’il y a peu de chances que cela finisse bien mais il y a aussi la mère de Claire qui fait pression de manière inimaginable sur la jeune femme. Bref deux femmes dont l’influence n’est pas sans me rappeler tante Maud (Les Ailes de la Colombe) et la tante dans Washington Square.
Enfin la tonalité triste de l’histoire. Christopher est un homme plaisant, calme, qui ne tombe jamais dans le piège de la provocation ni du découragement. A un point que cela en devient décourageant : même après que avoir essuyé un refus de Claire, il insiste. De plus, il est convaincu que tout s’achète, Claire y compris.
Bref, un texte triste, glauque comme d’autres d’Henry James.