Résumé autrice :
Au cœur de la campagne normande, les de Lacroix vivent une routine paisible.
Tout bascule lorsque leur fille unique, adolescente de quinze ans, est kidnappée lors d’une balade en forêt.
Aucun témoin, peu d’indices, l’enquête s’annonce compliquée pour les policiers.
Entre secrets de famille, faux-semblants et règlements de compte, l’image des de Lacroix s’effondre.
Soyez prêts à entrer tour à tour dans les pensées du père, de la mère et du policier chargé de l’enquête.
Cette histoire est inspirée des faits divers Grégory Villemain, Maddy McCain et de la fiction Gone girl.
Critique :
Tout d’abord je voudrais remercier Daphné Milpiet de m’avoir proposé son troisième roman en SP via Simplement Pro (et de s’être démenée pour me proposer un format précis, parce que je suis enquiquinante comme lectrice 🙂 ). J’avais beaucoup aimé ces précédents romans, L’Enterrement et l’Offrande. J’ai foncé dans cette lecture, sans même lire le résumé ayant confiance dans les qualités d’autrice de Daphné et j’ai bien fait.
Ce troisième roman tourne autour de la disparition mystérieuse de Salomé, adolescente enjouée et aimée par sa famille. J’ai retrouvé avec plaisir un cadre bas-normand, plaisir nostalgique pour moi qui suis un peu loin de ma terre natale. L’intrigue se situe dans un petit coin rural, non loin d’une forêt. C’est d’ailleurs là que Salomé a été enlevée par trois hommes dans une camionnette blanche. Son père, présent, n’a rien pu faire pour les arrêter.
Le roman s’ouvre sur le point de vue de la mère lorsqu’elle apprend la nouvelle par son mari. On alterne assez vite les points de vue, entre Isabelle, la mère, Charles, le père et Jérôme, le policier en charge de l’affaire. On découvre aussi un peu la voix et l’état d’esprit de Salomé au travers d’extraits de son blog intercalés entre les différents chapitres. Encore une fois, l’autrice nous montre qu’elle maitrise ce type d’écriture. Chacun des personnages a sa voix propre. C’est tellement bien fait que cela embrouille peu à peu le lecteur. Forcément on cherche le coupable. Certains comportements paraissent vite suspects quand ils sont observés par le personnage qui raconte mais, une fois expliqués au travers de la voix du personnage qui l’a vécu, les soupçons sont apaisés.
Dans la première partie du roman, j’ai retrouvé le ton piquant et drôle de l’autrice. Les petites piques fusent. Les personnages, sous le coup du choc, deviennent sans filtre. Isabelle soutient, à juste titre, qu’on ne sait jamais comment on va vraiment réagir dans ce genre de situation. Il y a vraiment de quoi perdre pied et c’est le cas des de Lacroix. J’ai adoré un passage où une voisine vient aux nouvelles, indiscrète et menée par une curiosité malsaine, et se fait envoyer sur les roses d’une manière magistrale par le couple éploré. De même, le policier est d’abord présenté comme un gros rustre cynique, habitué à choquer ses collègues féminines par ses blagues sexistes. Bref des personnages un peu hors norme au départ, sans filtre, sans politiquement correct et j’ai trouvé le début très drôle.
Puis le focus change un peu pour s’étirer sur cette attente et cet espoir presque désespéré… On suit l’après-enlèvement du point de vue des parents : leurs espoirs, leurs doutes, leurs soupçons mais aussi leurs tentatives pour rebondir, se reconstruire malgré la perte, malgré le doute. On suit la suite de l’enquête et Jérôme devient moins cynique, un peu plus empathique, un peu plus sympathique.
Bien qu’inspiré par des faits divers, l’autrice ne pouvait pas nous laisser sur notre faim et nous offre une conclusion, ce que tous les faits divers n’ont malheureusement pas toujours. Cette conclusion tombe un peu comme un couperet. On était pourtant prévenu par les numéros de chapitre dans l’ordre décroissant comme un compte à rebours… Je ne m’attendais pas à cette fin (oui, encore une fois avec Daphné Milpiet).
En conclusion, un récit bien construit dans lequel Daphné Milpiet a essayé de mettre deux ingrédients déjà présents dans ses romans précédents (l’humour noir et grinçant de l’Enterrement et la dimension plus psychologique du crime de l’Offrande). Les deux ingrédients sont très bien écrits et je les apprécie mais il me semble que l’équilibre n’y est pas encore. L’humour domine dans le premier tiers pour être remplacé par l’aspect psychologique dans la suite du roman. Ce n’est qu’une bonne raison de demander à Daphné Milpiet de nous en écrire encore un autre dans cette veine là.
Merci pour cette chronique très complète. Je suis ravie que tu aies apprécié ta lecture 🥰 Cela me motive à continuer ! Ce livre m’a demandé deux ans de travail et je n’avais qu’une envie (et peur à la fois) : qu’il prenne son envol. Je comprends ta remarque sur l’équilibre et en prends bonne note. À bientôt pour mon 4ème roman 😉