Résumé éditeur :
Dans le duché allemand de Württemberg, Katharina Kepler est une veuve dont on respecte la sagesse et chez qui l’on vient demander conseils et remèdes. Son fils Johannes est aujourd’hui un célèbre mathématicien de la cours impériale, auteur d’un traité d’astronomie dont on parle jusqu’à Rome. Mais il suffira d’une voix pour faire naître le doute et basculer la réputation de la veuve Kepler. Une voisine l’accuse de lui avoir fait boire un étrange breuvage qui l’aurait rendu malade. Katharina serait une sorcière. Dans l’enquête qui s’engage, la jalousie et l’obscurantisme seront les ennemis d’une famille que l’on voudrait rendre responsable de la peste qui se propage, des mauvaises récoltes et de la guerre qui gronde.
Dans une fresque qui nous fait entendre tour à tour la voix des accusés et celle des accusateurs, Rivka Galchen, tissant à partir de l’histoire d’un procès réel, nous parle d’un monde aveuglé par la peur et du pouvoir implacable de la rumeur condamnant les femmes.
Critique :
Jolie révélation que ce roman. Tout d’abord il est inspiré de personnages réels qui ont vécu dans un contexte historique assez mouvementé. L’auteure fournit en fin d’ouvrage une bibliographie assez riche.
Ce roman regroupe des documents variés autour du procès de Katharina Kepler pour sorcellerie : des lettres, des textes écrits par l’accusée à son ami Simon, qui l’a aidée pendant un temps, des transcriptions de témoignages. Ce que j’aime dans cette construction de documents, c’est que l’on voit bien la rumeur et l’opinion qui croissent peu à peu au détriment de Katharina dans sa ville : les petits gestes sans importance mal interprétés, les différentes visions d’un même événement. L’autre point important réside dans la construction elle-même de Katharina. On entend sa propre voix, qui essaie de se défendre maladroitement contre les accusations, Elle se présente comme une vieille femme curieuse, inoffensive, bavarde, qui aime aider les gens mais, des petits détails dans les témoignages d’autres personnages, notamment ceux qui sont plus circonspects, montrent aussi une femme qui a tendance à s’importer, à réagir de manière impulsive, vision confirmée par certaines décisions de Katharina admet avoir prises.
D’un côté, on voit comment le procès pour sorcellerie fonctionne, avec ses témoignages plus ou moins déformés, le recours à la torture, les détails qui s’accumulent pour devenir des preuves et de l’autre, on a une voix féminine qui cherche aussi à manipuler le lecteur pour le convaincre d’une innocence qui n’est pas sienne.
Une lecture passionnante et stimulante.