Résumé éditeur :
- Dans les brouillards de l’est londonien, deux séries de meurtres sont perpétrées à douze jours d’intervalle, avec une sauvagerie telle que l’opinion publique s’émeut et que le gouvernement finit par promettre, à quiconque aiderait à trouver les coupables, la plus fabuleuse récompense jamais offerte… La romancière d”’Un certain goût pour la mort” lauréate des plus prestigieuses récompenses dans le domaine du roman policier, offre ici à ses lecteurs une surprise originale. Cette affaire criminelle a bel et bien eu lieu, elle fit couler des rivières d’encre et ne fut détrônée – si l’on ose dire – que par les exploits de Jack l’Eventreur. Secondée par un historien, P.D. James brosse un extraordinaire tableau du Londres de Dickens et des méthodes policières dans l’Angleterre de l’époque. Mieux : reprenant le détail de l’enquête, elle innocente le coupable désigné et, un siècle et demi plus tard, dévoile la vérité, preuves à l’appui… Un tour de force !
Critique :
Il n’est pas rare d’avoir des essais d’auteurs de romans policiers sur des affaires qui ont eu lieu dans le passé. Je pense notamment à tous les ouvrages sur Jack L’Eventreur. Cet essai se distingue car il se penche sur une affaire moins connue mais tout aussi passionnante : les sept (ou huit?) meurtres qui marquèrent le mois de décembre 1811.
L’auteure retrace la chronologie des faits : les quatre premiers meurtres d’une famille d’un drapier puis les trois autres meurtres dans une taverne et enfin l’arrestation d’un coupable, dernière victime de ce que l’auteure considère comme une erreur judiciaire. L’auteure donne de nombreux détails mais ne sombre pas dans le sanglant, et pourtant la violence des meurtres s’y prête. P.D. James a été secondée par un historien (même si son nom n’est pas présent sur la couverture de certaines éditions), T.A. Crichtley dont la spécialité était l’histoire de la police en Angleterre et au Pays de Galles.
Les faits semblent bien documentés. L’auteure fournit une liste de sources consultés et utiles pour approfondir son récit. Quant à l’innocence du coupable, je ne sais pas si je suis convaincue. Même s’il était bien coupable, ce que P.D. James remet en question, les meurtres étaient les faits de plusieurs hommes. Elle propose des pistes qui auraient du être approfondies, notamment en se concentrant sur un suspect mais clairement il est difficile d’être sûr de sa théorie deux siècles plus tard, sans preuves formelles. Elle partage plus des doutes que des certitudes à mes yeux.
J’ai beaucoup aimé la précision du tableau de Londres que P.D. James dépeint : le type de quartier, l’évolution en terme de population, les habitudes de ses habitants… Ce que j’ai beaucoup apprécié, c’est le portrait de la police de Londres en 1811. L’auteure explique le fonctionnement des différentes organisations amenées à réguler les activités humaines, organisations dont les juridictions se superposent parfois d’où une dispersion des indices et un manque flagrant de communication entre les différents acteurs concernés. P.D. James s’attarde surtout sur le guet de nuit : des veilleurs, souvent âgés, qui patrouillent à intervalle régulier en ville pour crier l’heure et qui, entre deux patrouilles, retournent attendre le prochain passage en se réchauffant souvent à coup d’alcool, des veilleurs trop amochés pour être réellement efficaces en cas d’agression ou d’incident. Quand j’ai commencé les romans de Terry Pratchett sur le guet, je pensais que sa description du guet de nuit venait de son imagination. Je ne pensais pas que c’était lié à la réalité de la police à un moment du passé de Londres.
Bien que je ne sois pas complètement convaincue par la démonstration de P.D. James concernant le coupable de ces meurtres, cet ouvrage offre un instantané intéressant et bien documenté du Londres de 1811 et de l’état (des limites) de la police à cette époque.