Résumé éditeur :
La “servante écarlate” c’est Defred, une entreprise de salubrité publique à elle seule. En ces temps de dénatalité galopante, elle doit mettre au service de la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, son attribut le plus précieux: sa matrice. Vêtue d’écarlate, elle accomplit sa tâche comme une somnambule, et le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, d’échanger des confidences, de dépenser de l’argent, d’avoir un travail, un nom, des amants… Doit-elle céder à la révolte, tenter de corrompre le système ?
A un moment dans l’histoire des Etats Unis, la natalité a chuté et les quelques rares femmes qui sont encore fertiles sont devenues des marchandises, des esclaves de la société. Envoyées auprès des couples de puissants infertiles, elles sont supposées assurer la reproduction et offrir à ces couples des enfants. Defred fait partie de la première génération de servantes : elle se souvient de son passé, de l’époque où elle était en couple avec un homme qu’elle avait choisi, qu’elle avait un enfant bien à elle.
La nouvelle société est vraiment angoissante. On ressent très vite un sentiment de paranoïa : tout le monde la surveille. Elle a des comptes à rendre sur beaucoup de choses (ses pensées, son corps). Elle est privée de tout : de passe-temps (la lecture lui est défendue), de souvenirs (elle n’a même pas le droit d’avoir une photo de sa fille), d’identité (elle a même perdu son nom pour prendre celui de la famille qu’elle sert)…
Le basculement d’un monde “normal” vers ce monde dystopique est effrayant de rapidité dans le roman. En un jour, Defred est renvoyée de son travail. Ses moyens de paiement lui sont coupés. C’est un des points qui me choquent le plus dans ce roman, la vitesse avec laquelle le changement a eu lieu. La narratrice alterne le récit de son présent dans cette société et ses souvenirs de sa vie d’avant. Cela renforce le contraste entre les deux modes de vie et surtout cela souligne le fait qu’une femme dans le temps d’une vie peut voir sa vie chamboulée à ce point.
Ce roman a été adapté récemment en série. Je ne l’ai pas encore vue. Si je la trouve, je l’essayerais peut-être.
Ce roman me rappelle aussi deux autres romans : Fahrenheit 451 pour cette volonté de détruire les traces du passé (livres notamment) comme éléments qui pourraient “corrompre” les gens dans la nouvelle société qui se construit et Corpus delicti. Un procès. de Juli Zeh, dans lequel ne pas prendre soin de soi est un crime envers la société. Dans ce dernier roman, on retrouve l’idée que le corps devient une extension de la société qui a droit de regard sur la manière dont on gère notre intimité.