Fanny Price est une jeune fille issue d’une famille modeste. Elle est confiée aux soins de ses deux tantes, Mme Norris et Mme Bertram. Elle grandira donc à Mansfield Park, une grande demeure, parmi ses cousins et ses cousines…
Critique
Je continue à relire tous les Jane Austen dans le cadre d’un défi “bibliographie complète”. J’ai beaucoup aimé cette lecture, même si je me souvenais de la fin (je l’avais lu il y a des années).
L’héroïne, Fanny Price, a une santé fragile comme Marianne de Raison et Sentiments. Elle a besoin d’exercice et sa santé se détériore facilement. Mais, contrairement à Marianne, Fanny est timide, discrète. Elle déteste se mettre en avant et être le centre d’intérêt. Elle ne s’ouvre réellement qu’à peu de personnes et toujours de manière mesurée. Elle est moins caricaturale que Marianne mais elle a un coté “femme soumise” qui énerve un peu.
Ce que je retiens de cette lecture, c’est tout d’abord une présence moins forte de l’ironie que j’ai tant apprécié dans Orgueil et Préjugés, ou en tout cas, l’ironie est beaucoup plus discrète.
J’ai aussi trouvé qu’il y avait des motifs récurrents chez Jane Austen. Par exemple, l’auteur utilise beaucoup les lettres comme ressorts narratifs. Elle a recours aussi aux escapades scandaleuses d’une jeune femme avec un homme en dehors des liens du mariage. Comme dans d’autres romans, son héros le plus noble est un jeune homme sans ambition, qui se destine à devenir ecclésiastique (cf Edward dans Raison et Sentiment).
L’action se passe au début du XIXe siècle et les préoccupations pourraient sembler éloignées de notre époque moderne. Et en effet, les conventions des bals sont démodées. Mais il y a quelque chose qui fait qu’on ne peut s’empêcher de réagir au sort de Fanny. A cause de sa condition sociale, elle subit les pressions de presque toute sa famille pour accepter un mariage qui lui répugne. Certains personnages défendent l’idée que la gratitude doit forcement s’exprimer en terme d’amour et de soumission. “Parce qu’on daigne bien la traiter et lui rendre service, elle devrait accepter un mariage avec un homme riche mais qu’elle méprise”. Je trouve cela très moderne car c’est une idée, révoltante, qui a encore court.
Bref, j’ai aimé ce roman. Un peu plus long que les autres du même auteur, je crois. J’ai trouvé une certaine actualité dans cette histoire.