Présentation de l’éditeur
« C’est en ne cherchant pas que tu trouveras. » Comment l’Enquêteur du nouveau roman de Philippe Claudel aurait-il pu s’en douter ? Comment aurait-il imaginé que cette enquête de routine serait la dernière de sa vie ?
Chargé d’élucider les causes d’une vague de suicides dans l’entreprise d’une ville qui ressemble hélas à toutes les nôtres, l’Enquêteur est investi d’une mission qu’il doit mener à terme comme il l’a toujours fait. Des signes d’inquiétude s’emparent de lui peu à peu : l’hôtel où il s’installe accueille tantôt des touristes bruyants et joyeux, tantôt des personnes déplacées en détresse. Dans l’entreprise où il devrait être attendu afin de résoudre son enquête, personne ne l’attend et tous lui sont hostiles. Est-il tombé dans un piège, serait-il la proie d’un véritable cauchemar ? On l’empêche de boire, de dormir, de se nourrir, on ne répond jamais à ses questions que par d’autres questions. Le personnel même est changeant, soit affable soit menaçant. À mesure qu’il avance dans ses découvertes, l’Enquêteur se demande s’il n’est pas lui-même la prochaine victime d’une machine infernale prête à le broyer comme les autres. On devine ainsi que l’impuissance de l’Enquêteur à clore son enquête reflète notre propre impuissance face au monde que nous avons construit pour mieux nous détruire.
Critique
Vu le sujet (des suicides dans une grosse entreprise), je m’attendais à un roman qui parlerait d’une certaine entreprise de télécommunications qui a défrayé la chronique à cause de la vague de suicides qui la frappait à l’époque. Et en fait, ce roman n’en parle quasiment pas, en tout cas pas directement.
Le moins que l’on puisse dire sur ce roman, c’est qu’il est déroutant : pas de nom pour les personnages, uniquement des fonctions (l’Enquêteur, le Guide, le Policier…), tout change très vite (La salle de repas est pleine de monde, le héros va aux toilettes 5 mn et quand il revient elle est vide ; les serveurs sont infects avec lui le premier jour mais obséquieux le lendemain), tout manque de logique et le sort s’acharne contre le héros (le temps, les gens, les lieux, les objets).
Au final, le lecteur se retrouve en quête de sens, comme l’Enquêteur au final. En fait, je trouve que ce roman relève de l’absurde. Le personnage cherche un sens à sa vie et se trouve confronté à une absence de sens… Les hommes sont déshumanisés, réduits à des fonctions, le monde est illogique, complètement absurde… et au final, indirectement il traite des suicides : on voit ce héros, privé de raison de vivre, qui parfois hésite à se laisser mourir…
Bref ce roman se lit très bien mais est déroutant. J’ai bien aimé mais je reste un peu sur ma faim (enfin en meme temps l’absurde, il n’y a pas de dénouement “satisfaisant” comme d’autres textes puisque justement il s’agit de montrer que la vie n’est qu’un éternellement recommencement, sans raison de continuer chaque jour à part un maigre espoir que quelque chose d’autre arrive).