Critique :
Il faut qu’on parle de Kevin est un roman épistolaire. Toutes les lettres sont écrites par Eva, la mère de Kevin, qui revient sur la vie de son fils jusqu’au moment présent, c’est-à-dire l’anniversaire des 18 ans de Kevin.
On en apprend beaucoup sur Eva : son travail, ses espoirs, ses sentiments. Elle ne cache rien à son mari à qui elle écrit. Toutes ses pensées sont étalées, même les moins avouables. Au fil des lettres, on découvre sa famille : sa mère agoraphobe qui vit cloitrée chez elle, son mari toujours optimiste, etc… mais le membre de la famille qui prend le plus de place est bien évidemment Kevin, ce fils qu’elle n’aime pas.
Sur la quatrième de couverture de mon édition, il y a un extrait d’une critique du Point : “plus percutant qu’une leçon de pédopsychiatrie”, “une écriture limpide” et “un dénouement magistral et bouleversant”. Percutant oui, enfin je dirai plutôt dérangeant, perturbant. Eva se pose beaucoup de question sur sa responsabilité à elle, sur ce qu’elle aurait pu ? du ? faire. Si elle aurait du le voir venir… Elle propose aussi une image d’une femme qui ne désire pas d’enfant, qui questionne ce besoin de perpétuer un nom et aussi l’image (rare, voire tabou) d’une femme qui n’aime pas son enfant.
Par contre je ne trouve pas l’écriture limpide. J’ai mis 200 pages (un tiers du pavé de 606 pages) à vraiment rentrer dedans. Quant au “dénouement magistral et bouleversant”, il m’a été gâché par un adjectif malheureux qui m’a fait deviné une partie de la fin du récit assez vite.
Ce livre est intéressant, perturbant car il y a une réflexion sur le désir d’enfant, sur pourquoi certains jeunes commettent ces massacres dans leur lycée, mais aussi difficile (le thème abordé n’est pas joyeux, ni facile à traiter, l’écriture est dense).
Cependant je ne regrette pas ma lecture. Elle valait l’effort dépensé à lire ce pavé. Cela m’a aussi donné envie de comparer avec l’adaptation cinématographique et aussi de lire d’autres fictions de cet auteur.