Critique du dernier spectacle des Monty Python mais aussi souvenirs de ce groupe comique anglais qui a marqué une époque. Et j’espère qu’on oubliera pas de sitôt l’origine du terme spam.
Le 30 juillet, Arte diffusait le dernier spectacle des Monty Python, The Last Night of Monty Python. Ce spectacle reprend un certain nombre de sketches qui ont marqué la carrière des six comiques comme le Dead Parrot Sketch ou les deux juges qui discutent après leur journée. Il y avait aussi les chansons les plus marquantes de leurs films : Every Sperm is Sacred, The Meaning of Life ou encore Always Look on the Bright Side of Life. Nouvelle mise en scène et nouveaux accessoires parfois (avec des canons en forme de pénis pour la chorégraphie d’Every Sperm is Sacred par exemple) et parfois des répliques sont changées. Par exemple, dans le sketch des deux juges, l’un des deux demande : Au fait c’est toi qui t’es occupé du divorce des Cleese ? – lequel ? il s’est marié quatre fois. – Comment il fait pour en séduire autant ? – Ca doit être sa démarche (référence au sketch du Ministry of Silly Walks). Graham Chapman, bien que décédé, n’était pas absent du spectacle : il était là en vidéo (extrait du film The Meaning of Life où il chantait Christmas in Heaven) et dans certaines répliques. Connaissez-vous le sketch du Dead Parrot ? Un homme vient faire une réclamation. Il a acheté un perroquet et a découvert par la suite qu’il était mort, cessé d’être, qu’il avait rejoint son créateur. Et là, le client, un John Cleese furieux, ajoutait: il a rejoint le Dr Chapman.
Le spectacle s’est clot sur deux écrans noirs, l’un affichait : Graham Chapman 1941-1989 et l’autre : Monty Python 1969-2014. Ce dernier écran m’a fait un choc car il officialisait la fin des Monty Python, la fin d’une époque (et oui, il faut bien l’admettre, vu la carrière, ils méritent bien une retraite tranquille, s’ils sont capables de rester tranquilles, ce qui est une autre histoire). Je me rends compte que cela m’a pas mal touchée… … Parce que j’ai de bons souvenirs avec les Monty Python. J’ai regardé Sacré Graal avec mes parents, les écoutant rire à gorge déployée, eux dans le canapé, moi allongée sur la moquette. Quelques jours plus tard, à la cantine, j’ai assisté à l’agression d’un camarade de classe à coup de Ni! (si vous n’avez pas vu le film, désolée si vous ne comprenez pas). Au milieu de la campagne anglaise, dans un Bed’n’Breakfast, je me suis lancée dans un concours de répliques (Flying Circus, films et séries, tout compris) avec un parfait inconnu qui avait passé la nuit dans le même établissement que moi et qui prenait le petit déjeuner à la même heure que moi. Tout a commencé quand j’ai dit qu’on était mieux reçu ici qu’aux Fawlty Towers (série que je ne peux que conseiller avec un John Cleese splendide dans le rôle du gérant d’hôtel mesquin et snob)
Je me rends compte que les Monty Python m’ont vraiment marquée. La plupart de mes pseudos sur le net sont d’inspiration monty pythonnienne. J’aime leur humour. J’aime cette capacité à voir le bon côté tel qu’on le voit dans certaines de leurs chansons (Always Look on the Bright Side of Life, The Meaning of Life). J’aime aussi ce mauvais gout qui les amène à rire de choses horribles (la mort dans Sacré Graal) mais aussi et surtout ce mauvais gout qui permet de faire face à la mort. Pour exemple, le discours de John Cleese lors du service en hommage à Graham Chapman :
Normalement, si vous avez regardé toutes les vidéos jusqu’ici, le discours de John Cleese doit vous rappeler quelque chose ^^.
D’ailleurs ils n’ont pas marqué que moi. Tout le monde ne connaît pas l’origine du terme spam pour désigner les courriers électroniques indésirables. Ben c’est eux. Ils avaient fait un sketch où un couple entrait dans un bouiboui et demandait ce qu’il y avait à manger. Tous les plats proposés contenaient du spam, marque de conserve de viande qu’on trouve en Angleterre. Et de là, le nom de cette viande indésirable et en trop grande quantité fut utilisée pour désigner ces mails qui envahissent nos boîtes.
J’aime beaucoup tout ce qui est comique, les auteurs comiques, surtout quand ils parviennent à nous faire passer quelque chose d’aussi profond que les Monty Python ou Terry Pratchett. Mais ce que les Monty Python ont en plus, c’est que je trouve ces six hommes particulièrement attachants (du peu que je sache d’eux) : Michael Palin qui, lors du tournage de ses émissions de voyage, va vers les gens et n’hésite pas à se salir les mains. A Venise, il voyage à bord de la gondole des éboueurs et participe à la collecte des ordures. Terry Jones : celui réputé pour aimer se trimballer à poil et montrer ses fesses lors des sketches du Flying Circus. Cet énergumène a quand même écrit un ouvrage critique sur Chaucer qui a le mérite d’apporter une toute nouvelle vision de ce texte fondateur de la littérature anglaise et ce de manière (apparemment) valable et solide. Il a aussi écrit des chroniques politiques sur le terrorisme et la guerre en Irak. Allez, dernier exemple. Graham Chapman, ouvertement homosexuel (et à l’époque, il en fallait du courage pour faire son coming out), alcoolique repenti, docteur en médecine. Il raconte dans son autobiographie que, pendant le tournage de La Vie de Brian, il faisait deux jours de travail par jour : il filmait, comme ses cinq comparses et le soir, il faisait le tour de l’équipe de tournage en tant que médecin pour soigner les bobos plus ou moins graves d’un personnel à majorité britannique qui n’a pas l’habitude du climat tunisien. Comme le montre assez bien le discours de John Cleese, et ça se retrouve pas mal dans les films je trouve, les Monty Python, c’est, ou devrais-je désormais dire, c’était beaucoup d’émotions et de rire. De l’humanisme, des connaissances et de la déconnade.
Merci à eux