Les MOOC, ce sont des formations à distance dispensées via internet. J’avais entendu parler de la formation “Fantasy and Science Fiction : The Human Mind, Our Modern World” par Eric Rabkin. J’avais déjà lu un ou deux ouvrages par ce critique et je me disais que cela serait une bonne manière d’approfondir sa vision des choses.
Coursera
Tout se passe via le site Coursera. Il y a le catalogue des formations disponibles, avec moyen de s’inscrire ou de demander à être prévenu pour la prochaine date. Le cours a lieu sur ce site avec des vidéos, des quizz, un forum, bref une plateforme assez complète.
Deux petits hics, cependant : des soucis de traductions (fantasy du titre est traduit en français par fantaisie et là c’est plus la même chose) et des problème du côté des sous-titres. Je m’explique : les cours sont des vidéos et on peut télécharger les sous-titres (en .srt ou en format texte). Le problème c’est que les sous-titres semblent générés automatiquement et ce, sans relecture d’où des problèmes : la ponctuation se joue à l’intonation donc on a des phrases parfois coupées par des points, des fautes d’orthographe (notamment sur les noms propres). Bref des sous-titres d’assez mauvaise qualité, je trouve.
Le planning du cours
Le planning est très dense, je trouve. Le jeudi à 12.15 (heure de l’est des USA), une vidéo est mise en ligne, généralement intitulée “before you read” et l’on doit lire le texte à étudier et écrire un essay de 300 mots (plus ou moins 10 %) avant le mardi suivant, 12.00. A ce moment là, on reçoit (si on a posté un essay), 5 essays écrits par d’autres, anonymes, à noter. Au même moment, les vidéos de cours sont mises en ligne, entre 8 et 10 vidéos d’environ 10-15 mn chacune. On a jusqu’au jeudi pour noter et hop, on repart pour une autre unité d’enseignement. Bref un rythme intense.
Le programme du cours
Les ouvrages sont variés (Grimm, Hawthorne, Poe, Shelley, HG Wells, Bram Stoker). L’auteur du cours dit vouloir surtout s’intéresser à la science-fiction en tant que partie de la fantasy donc un cours orienté plutôt classiques de la SF, même si on a des ouvrages autres (Grimm et Dracula par exemple). Le point qui me chagrine, c’est que la formation attend de nous qu’on lise des ouvrages entiers ou une sélection de nouvelles en 6 jours et c’est parfois très prenant. Surtout qu’on nous demande une lecture attentive …
Le cours en lui-même
Les vidéos d’Eric Rabkin sont généralement d’assez bonne qualité technique : on l’entend bien, il parle pas trop vite, certaines informations (extraits qu’il commente, auteurs qu’il cite hors programme etc) sont affichées. Bref très pédagogique mais …
=> mais il digresse beaucoup, beaucoup trop à mon goût et semble faire des hors sujets par rapport au menu que constitue chaque titre des vidéos
=> mais il reste parfois très terre-à-terre à dire des évidences (mais cela vient surtout du fait que ce cours reste relativement généraliste).
=> mais j’ai du mal avec son approche de la fantasy. Il fait partie des critiques anglophones (avec des gens comme Kathryn Hume) qui considère que la fantasy est présente dès qu’on s’éloigne d’une vision réaliste (E. Rabkin ne le dit pas en ces termes mais cela revient à celà). Hume, par exemple, considère alors que les figures de style comme les métaphores relèvent de la fantasy.
Je ne partage pas cette vision. Je ne dis pas qu’elle est fausse mais une notion, c’est un outil. Et je trouve l’approche francophone (qui distingue fantastique, fantasy et science-fiction) plus utile pour moi. La conséquence de cette situation, c’est que le programme me frustre, là ou j’attends de la fantasy, je ne trouve que du conte de fées, du fantastique et de la science-fiction mais pas de la fantasy comme on l’entend en France (et dans les zones francophones).
Les essays et la validation de la formation
Pour qu’il ait validation de la formation, il faut qu’il y ait une forme d’évaluation. Selon les formations, cela peut prendre des formes très différentes : participation au forum, quizz ou dans ce cas-là, ce sont les essays qui permettent la validation.
Les essays sont noté sur deux critères, fond et forme et à chaque fois notés sur trois, ce qui donne une note sur 6. 1 = insuffisant ou hors sujet. 2 = correct. 3 = exceptionnel. Il y a aussi une section pour rentrer nos références bibliographiques. On est donc noté par nos pairs, les autres étudiants.
Noté et commenté. Et là réside pour moi un peu le problème car nous n’avons pas tous les mêmes attentes ou les mêmes méthodes. Par exemple, on m’a reproché de ne pas commencer par la conclusion (?!) pour que mon point soit plus clair. On m’a aussi conseillé de rajouter des “termes universitaires”, comme si utiliser des termes compliqués améliorer la qualité de l’écriture… Bref, les retours sont de qualité variable et les autres participants n’ont pas forcement les mêmes méthodes de travail ou les mêmes exigences que soi.
D’ailleurs comment prendre au sérieux ce genre de commentaire : “The form is all correct so well done but could you have introduced the argument as the beginning of the story so that the reader can assess you’re argument throughout?”. Je le refais : “you’re argument”.
Un autre exemple : un post sur le forum : faut il ou non pénaliser quand le participant cite wikipedia ? Evidemment quand j’écris un article universitaire, je prends wikipedia avec des pincettes. J’aime bien l’utiliser comme point de départ pour une notion pour me référer ensuite à sa bibliographie et rebondir vers des ouvrages plus universitaires. Mais voilà, on a 6 jours pour écrire un essay. Déjà que personnellement, selon le programme, j’ai du mal à tout lire avant la date de remise des essays, alors lire des ouvrages critiques en plus … J’ai comme l’impression que les participants ne se rendent pas tous compte que leurs pairs ont peut être des impératifs autres que les leurs…
En conclusion,
Participer à un cours coursera a été une expérience intéressante mais j’ai décide de ne pas finir cette formation. Pour cela, plusieurs raisons, un contenu pas assez pointu à mon goût, un rythme très intense, un programme de lecture qui ne m’emballe pas plus que cela (sachant que le rythme imposé m’empêche de lire quoi que ce soit d’autre et que je m’attendais à quelque chose de plus orienté fantasy), des retours agréables (j’ai souvent du “essay well organized, well spaced, with a useful title.” mais qui me permettent rarement d’aller plus loin ou parfois contestables.
Une expérience très prenante (faut dire que coursera annonce un travail hebdo en moyenne entre 8 et 12 heures), traitant plus de la science-fiction que de la fantasy, malgré ce que le titre pourrait faire croire à des francophones, mais qui constitue pour moi, en ce moment, un rapport temps investi – intérêt décevant.