Résumé de l’éditeur (L’Atalante) :
Menace sur le paisible et douillet quotidien des mages : si l’Université de l’Invisible ne renoue pas avec la tradition du fouteballe, d’intolérables restrictions sont à prévoir dans leur train de vie.
Il reste à former un staff et une équipe compétitifs. Par bonheur, l’université dispose, parmi le petit personnel, d’individualités remarquables. Citons Trevor Probable — inouï ce qu’on obtient d’une boîte de conserve —, Glenda, la reine des tourtes, Juliette, ravissante nunuche promise à un bel avenir dans l’univers de la mode, et le mystérieux monsieur Daingue. Qui est Monsieur Daingue ? Le sait-il lui-même ? Toujours est-il qu’on le surveille en haut lieu.
Tandis que le match fatidique approche, quatre vies s’entremêlent et quatre destins basculent. Car ce qu’il faut savoir du fouteballe – ce qu’il faut savoir d’important sur le fouteballe –, c’est qu’il dépasse le cadre du fouteballe.
Critique
Chez Terry Pratchett, le style d’un roman est très lié, je trouve, à l’humour qu’il y développe. Grosso modo, il y a trois périodes chez cet auteur : l’absurde (de ses débuts à plus ou moins Sourcellerie publié en version originale en 1988), la parodie pure et dure (commençant merveilleusement avec Trois Soeurcières qui reste à mes yeux le meilleur des romans du Disque-Monde jusqu’à Va-t-en-guerre plus ou moins) et enfin la satire. (Après il y a des précurseurs et des retours en arrière, genre Carpe Jugulum appartiendrait plus à la parodie qu’à la satire, même si ce roman a été publié après Va-t-en-guerre et évidemment il y a des mélanges, des passages satiriques dans des romans à dominante absurde etc). Le truc, c’est que je trouve que Terry Pratchett est plus drôle dans le registre de la parodie que de la satire, plus grinçante. Autant je peux rire aux éclats avec les Trois Soeurcières, autant certaines satires comme Monnayé m’arrachent à peine un sourire en coin, sourire un peu triste d’ailleurs. Bref, c’est pas ses satires que je préfère et malheureusement pour moi, Allez les mages en est une.
Une satire envers le football. En prime, c’est pas un sujet qui me passionne. Les mages sont forcés de participer à un match de “fouteballe” s’ils veulent conserver l’héritage qui les nourrit. Et ils sont mal barrés parce que le fouteballe, c’est un sport de rue pour lequel les supporters des différentes équipes sont prêts à se battre à la mort, s’il le faut. Mais, coup de bol, ils vont recevoir le soutien de quatre de leurs employés : Daingue, personnage mystérieux et obséquieux qui leur a été confié par Vétérini lui-même, Trev Probable, dont le père était une idole du fouteball dans le temps, Juliette, dont la famille soutient l’équipe rivale à celle pour qui le père de Trev jouait, et enfin Glenda Poissavon, la cuisinière de nuit.
De la satire du monde footballistique certes, mais aussi un peu de parodie (ce que je préfère). Si je vous dit que Trév et Juliette appartiennent à deux camps de supporters rivaux mais en pincent l’un pour l’autre, vous pensez aussitôt à une certaine pièce de Shakespeare. Avec un petit clin d’oeil pour ce dramaturge puisque deux personnages iront voir une pièce de théâtre pendant le roman, une comédie romantique de Hwel (la version parodique de William Shakespeare dans Trois Soeurcières), comédie romantique qui finit mal d’ailleurs, vous voyez surement laquelle … Quelques références par-ci par -là qui ont ravie mon gout pour la parodie dont une qui m’a particulièrement surprise. Je sais que Terry Pratchett n’apprécie pas spécialement d’être comparé aux Monty Python, pourtant un passage me semble clairement inspiré du sketch spam en remplaçant le spam par des tourtes
Un autre côté qui m’a rappelé le Pratchett plus parodique, c’est le jeu sur la langue. J’ai été frappée par le retour de certains jeux de mots qu’on trouvait plus fréquemment avant (mais j’ai oublié de noter plus précisément ^^), sur les mots ou sur les expressions détournées comme celle-ci qui revient souvent dans ce roman : chasser le naturel il revient toujours au canot. Jeu sur le langage qui n’est pas sans me rappeler Nounou Ogg.
Stephen Briggs remarquait dans l’introduction de ses dramatisations que les romans s’allongeaient de plus en plus et devenaient de plus en plus noirs et sérieux. Les romans sont plus longs pour différentes raisons. A mon gout, j’ai trouvé qu’il y avait trop de personnages, que l’action se subdivisait un peu trop ou que les personnages qui auraient été autrefois secondaires se sont trop développés. Résultat j’ai trouvé le tout un peu longuet.
Au final, à mes yeux, c’est un Pratchett assez moyen, surtout parce que je ne raffole pas des satires de Terry Pratchett. Il sonne peut être trop juste pour être aussi drôle qu’avant et je regrette justement cet humour un peu plus joyeux qu’on retrouve dans les parodies. Une bonne satire donc mais je ne peux m’empêcher de lui préférer encore et toujours Trois Soeurcières ou tout autre roman de mes trois sorcières de Lancre préférées (qui, comme les trois mousquetaires, sont quatre au final).