Résumé :
La terre est mourante. L’auteur nous offre ici six nouvelles se passant sur ce monde, six nouvelles parlant de créatures surnaturelles et de magie … Premier tome de la trilogie la terre mourante.
Critique
J’avais déjà lu Cugel l’Astucieux, en pensant que ca n’avait que deux tomes, celui-là et Cugel Saga. Et bah non, il y a un premier tome, Un Monde magique. Comme c’est un recueil de nouvelles et qu’à part le lieu où cela se passe, il n’y a pas vraiment de lien, ca ne gène pas de l’avoir lu après.
Six nouvelles de longueur variable. Les héros sont généralement mus par une mission mais aussi par la soif de connaissance. Le premier personnage, Turjan, veut créer des créatures humaines et ne parvient pas à en faire des satisfaisantes et il part chercher Pandelume, un célèbre mage, pour que ce dernier lui enseigne. Dans la dernière nouvelle Guyal quitte sa famille pour se rendre au Musée de l’Homme où il aura toutes les connaissances qu’il souhaite à portée de main…
Les personnages femmes sont soit fadasses (pas forcèment très intelligentes, peureuses, dévouées et obéissantes aux hommes), soit des beautés fatales qui tentent des pièges au héros pour le tuer ou pire, pour le torturer jusqu’à la fin des temps. Bref, ca reste quand même vachement stéréotypé (ca me rappelle ce que les critiques littéraires disent sur la place de la femme dans le roman d’aventure du XIXe). Il y a deux exceptions, T’sais et T’sain. T’sais est plutot du genre guerrière farouche, elle a bien des instruments magiques mais elle ne pratique pas la magique, on les lui a confié, mais quand elle se fait capturer, elle éclate en sanglot. La seconde, T’sain, sa soeur jumelle, est une fadasse qui joue les beautés fatales pour libérer son homme. Mouais au final, elles sont un peu différentes mais rentrent quand même bien dans le moule.
Les nouvelles ont parfois des longueurs, des épisodes un peu baclés qui ne mènent à rien car le héros s’en sort et que la véritable épreuve est plus tard. Et surtout au final on reste sur notre faim sur pas mal de points : des personnages sont mentionnés dans une nouvelle mais n’apparaissent plus alors qu’ils étaient prometteurs. D’autres réapparaissent mais plus ou moins bien faits. Les deux ou trois premières histoires me semblent mieux construites car au final les personnages se croisent et se recroisent, l’histoire change de point de vue. Alors qu’au fur et à mesure, la cohérence entre les nouvelles se perd. Dommage …
Dernier point. Il y a pas quelques passages glauques, et dans les 4 premières nouvelles, les hommes sont quand même de sacrés cochons (et ce terme est très gentil par rapport à ce que j’en pense). Turjan (1e nouvelle) enlève une jeune femme qui crie comme pas possible et tout ce qu’il répond c’est “tais-toi. Je pourrais te faire pire”. Les héros ne se gènent pas pour imposer leur volonté aux femmes, y compris sur le plan sexuel. T’sais est séquestrée par trois hommes qui envisagent de la violer (et au final ils s’entretuent pour savoir qui la touchera le premier). Il ne se passe rien sous les yeux du lecteur, tout cela est plutôt évoqué, contrairement à dans Cugel l’Astucieux où ce dernier n’hésitera pas à coucher avec une jeune femme sous la contrainte. Cette dimension donne aux nouvelles un aspect très glauque, et il est difficile d’apprécier, de trouver attachent de tels héros. Et même quand le héros se comporte un peu mieux (les 2 dernières nouvelles), il reste très “porté sur la chose” et n’hésite pas à le faire savoir à sa compagne. Je ne suis pas particulièrement prude (j’ai lu carrement pire, à commencer par les romans d’horreur de Graham Masterton), mais ce qui me gène ici c’est le fait qu’un héros prenne limite ce genre de comportement pour banal, ordinaire. C’est bien le ton, le coté “banal” qui donne à ces épisodes une teinte glauque à mes yeux.
En bref, malgré tous ces inconvénients, la lecture a été assez agréable. Jack Vance écrit bien mais je trouve que le recueil commence assez bien (avec une cohérence, des personnages récurrents) mais qui ne tient pas ses promesses et laisse beaucoup de choses un peu en plan. Bref il me semble que la trilogie de Lyonesse est beaucoup mieux construite et que si je devais conseiller un ouvrage de cet auteur, Lyonesse me semble plus indiqué.