Il ya quelques semaines j’ai assisté à un colloque à Paris sur l’influence de l’antiquité sur les genres de la science-fiction, de la fantasy et du fantastique. Les interventions étaients intéressantes mais j’aurais voulu revenir sur quelque chose que Catherine Dufour a dit pendant la table ronde à laquelle elle était invitée.
J’ai déjà lu deux romans de cette dernière. Tous deux appartiennent au genre de la fantasy. Il est possible de retrouver mes critiques je crois sur ce blog. En bref, c’est sympa mais assez fouillis au point d’en perdre un peu le fil. L’auteur a affirmé que ce qui l’avait poussé à écrire sa série Quand les dieux buvaient, c’était Terry Pratchett. Elle avait lu le romancier britannique, avait trouvé ça génial et avait voulu faire la même chose mais “à la française”. Et la même chose à la française selon elle, ça revenait selon ses dires à mettre moins d’absurde et plus de sexe. Certes …
En entendant ça, j’ai trouvé qu’il manquait quelque chose aux romans de Catherine Dufour pour remplir son pari. Elle résumait la démarche de Pratchett par transformer la fantasy en quelque chose de trivial. La romancière française adopte bien cette démarche mais je trouve que deux différences ressortent.
Tout d’abord elle ne parsème pas ses romans de petits clins d’oeil comme le fait Terry Pratchett, ce qui est une caractéristique que j’adore en tant que lectrice et surtout je pense que cette manie de parodier des textes précis est essentielle à la démarche de Terry Pratchett.
Le second point est que Catherine Dufour s’est attaquée aux contes de fées principalement, plus qu’à la fantasy en général. (D’accord Pratchett s’y attaque aussi, surtout dans Mécomptes de Fées mais sa cible est beaucoup plus générale, plus ample et plus variée que n’est celle de Catherine Dufour).
J’étais en train de lire un ouvrage sur les sorcières : The Witch in History de Diane Purkiss et presque à la fin j’ai lu un passage qui m’a frappé et m’a rappelé les paroles de Catherien Dufour :
As Marina Warner has recently shown, neglecting the popular aspects of folk retellings and recitals means neglecting the stories of women. Whether those women are early modern peasant women telling each other tales, middle-class women writers creating entertainments for their friends, nurses and governesses bringing the concerns of a different social class into the castle, or mothers assiduously reading fairy stories to their own children, folktales still speak to us in a female voice, the female voice whose fantasies about witches are visible in trial depositions.
Je n’ai pas d’avis précis sur écriture masculine / écriture féminine. Mais je remarque quand même que la cible de Terry Pratchett contient beaucoup d’oeuvres dites masculines (écrites par des hommes, avec des hommes en personnages principaux, véhiculant des valeurs associées traiditionnelement avec la masculinité) (Leiber, Conan le Barbare, les films de Clint Eastwood, les romans noirs principalement écrits par des hommes) alors que Catherine Dufour a choisi une cible que Diane Purkiss associe à une voix spécifiquement féminine. En conséquence, en voulant adopter la même démarche mais “à la française”, catherine Dufour y aurait peut être aussi apporter une voix plus féminine dans son choix de la cible de sa parodie.