Présentation par l’éditeur :
La lande de Skanör voit s’écraser une météorite d’où émerge une créature avide ; cent cinquante et une personnes convergent des environs de Stockholm pour un suicide collectif ; une boutique d’aquariophilie est tenue par une femme étrangement proche de ses poissons… Dans ces contes horrifiques, Anders Fager s’empare des grands thèmes de la mythologie, du folklore et du fantastique pour créer des territoires sensuels et sombres, où il fait surgir des créatures d’épouvante. Mais le monstre n’est pas toujours celui qu on imagine. Avec un humour noir confinant à la jubilation, l’auteur construit ses récits à coups de petits détails dissonants qui font basculer un quotidien banal : dans cet univers de cauchemar, dans ce monde dévasté, violence et folie sont partout.
Critique :
Ce recueil de nouvelles m’a été offert par les éditeurs d’Anders Fager (Mirobole Editions) et je les en remercie.
Ce recueil contient huit nouvelles, souvent entrecoupées de courts textes nommés Fragments et numérotés. Je vais tenter de dire quelques mots de chaque nouvelle sans trop en dire :
=> Les Furies de Boras : un samedi soir « habituel » pour les jeunes filles d’un coin paumé nommé Boras, discothèque et drague…
=> Le voeu de l’homme brisé : L’arrivée de soldats dans un petit village reculé près des montagnes…
=> Joue avec Liam : l’histoire d’un petit garçon qui rêvait de jouer avec des dinosaures.
=> Trois semaines de bonheur : L’étrange vie de Malin, jeune fille un peu bizarre qui tient une boutique d’aquariophilie
=> Un point sur Vasterbron : enquête sur un suicide collectif
=> Encore ! Plus fort ! Un jeu sexuel apparemment innocent…
=> L’escalier de service : une jeune fille est hanté par des cauchemars dans lesquels elle descend l’escalier de service
=> Le bourreau blond : une jeune fille est chargée de remettre un cadeau à une vieille femme…
Le style de l’auteur m’a bien plu : cela se lit très bien, fluide, bien rythmé. Ce que j’ai aussi aimé, c’est la variété des tons, des manières d’écrire. L’un des textes n’est que des bouts de dialogues mis les uns à la suite des autres, ce qui donne un dynamisme et oblige le lecteur à mettre des pauses quand il faut (entre chaque dialogue, même si il y a des guillemets, j’ai mis du temps à comprendre que c’était le début et la fin d’un dialogue), et cela rend la fin de cette nouvelle percutante. Un autre texte est rédigé plutôt à la manière d’un rapport de police, ce qui cause un regard plus froid mais pas moins horrifique qu’une narration plus traditionnelle. Bref j’ai aimé ce jeu sur les styles, les manières de raconter.
L’univers de l’auteur. On ressent une grande influence de Lovecraft (sur la description des monstres, de la mythologie et peut être aussi sur la place de la folie). Cette influence est plus marquée dans certaines nouvelles que dans d’autres. Ces nouvelles m’ont aussi parfois fait penser à d’autres auteurs, notamment Masterton pour le mélange sexe / horreur. Des influences, des rapprochements mais l’auteur propose son propre univers et sa propre mythologie.
Je voudrais aussi revenir sur un point que j’ai aimé : la construction de cette mythologie. De l’extérieur, cela ressemble à des nouvelles indépendantes constituées en recueil. De l’intérieur, on trouve des références à la mythologie d’un des textes dans un autre des textes et les fragments renforcent la cohésion du recueil. Et je pense que la difficulté, aussi bien pour le lecteur que pour l’auteur, d’un recueil de nouvelles se situe dans la cohésion du tout. Je trouve ici que ce point est magnifiquement géré puisqu’on ressort de la lecture avec une vision assez globale de l’univers de l’auteur.
J’ai aimé ce recueil, j’ai un peu moins accroché à certaines nouvelles mais dans l’ensemble, j’ai vraiment apprécié.