Au début du reportage, Terry Pratchett revient sur sa maladie et sur ses conséquences au quotidien de manière assez rapide. L’un des grands changements dus à sa maladie semble être la présence assez importante de son assistant personnel, Rob, qui sera très fréquemment là aux côté de Terry pendant le tournage du documentaire.
Terry décide de rencontrer Peter Smedley, un millionaire grâce à l’industrie familiale de conserves de nourriture. Cet homme est atteint d’une maladie dégénérative, la maladie de Charcot. Terry parle aussi avec Christine, la femme de Peter, qui soutient son mari dans son choix. Par la suite Terry va rencontrer pas mal de personnes : la veuve d’Hugo Claus, un écrivain belge qui a mis fin à ses jours car il était aussi atteint de la maladie d’Alzheimer (comme Terry), un chauffeur de taxi (qui a fait le choix de finir ses jours en hospice plutôt que d’avoir recours au suicide assisté) et enfin Andrew, un jeune homme atteint de la sclérose en plaque et qui a décidé de mourir dans la dignité.
Le suicide assisté n’est pas autorisé en Angleterre (comme dans d’autres pays européens). Le seul pays qui accepte que des étrangers viennent mourir de manière assistée sur son territoire (donc sans être des natifs) est la Suisse, notamment grâce à l’organisation Dignitas.
Quand Andrew et Peter décident, à quelques jours d’intervalles, de se rendre en Suisse, Terry décide de les suivre pour voir comment ça se passe : il visite les lieux, assiste aux entretiens de Peter avec le docteur envoyé par Dignitas (aussi bien pour vérifier qu’il est sain d’esprit, qu’il n’est pas en dépression passagère mais aussi pour expliquer comment se passe la procédure si il décide d’y avoir recours). Terry rend une dernière fois visite à Andrew avant qu’il ne meurt. Il sera aussi présent quand Peter mettra fin à ses jours. Ce passage est très émouvant mais reste très digne.
Ce que j’ai apprécié dans ce documentaire, c’est la position assez honnête, lucide de Terry (et de Rob) face à ce sujet. Ils ne sont pas complétement à l’aise face à cette question. Ils semblent partager la conviction du fondateur de Dignitas (ancien avocat) qui soutient que toute personne a le droit de s’auto-déterminer, ce qui comprend aussi le choix de mourir, quand et comment. L’avocat en question préside même que ce droit est inscrit dans la délcaration des droits de l’homme et du citoyen.
On voit parfois des personnes contredire Terry (notamment une infirmière : quand Terry demande au chauffeur de taxi pourquoi il n’a pas désiré “mourir paisiblement” en Suisse puisqu’il avait pris contact avec Dignitas, l’infirmière s’insurge en lui répondant “vous croyez qu’on n’est paisible en hospice ?”). Rob surtout partage ses doutes et son sentiment de malaise : sur le choix de la date pour les morts d’Andrew et de Peter (en décembre, quelques semaines avant Noêl).Rob soulève aussi un certain nombre de faits dérangeants. Comme le fait que 21 % des “clients” de Dignitas (leurs services sont payants, 10 000 livres mais comportent aussi bien la location, l’accompagnement qu’un certain nombre de démarches, ce qui soulève aussi le problème de l’accessibilité à ce service, non seulement c’est loin mais c’est cher), donc 21 % des bénéficiaires de Dignitas ne sont pas “malades’, ne sont pas atteints d’une maladie qui expliquerait ce choix. 21 % sont juste fatigués de vivre et cette statistique met aussi bien l’écrivain que son assistant mal à l’aise.
On pourrait être mal à l’aise d’assister à la mort de Peter mais comme le dit Terry, notamment à l’une des deux membres de Dignitas (pas de médecin présent, ca serait contraire à l’éthique mais des membres de l’organisation sont là pour aider dans les dernières démarches : remplir les papiers, bien prendre les substances, et aussi soutenir la famille qui décide d’être présent), comme le dit Terry, cette démarche reste très digne
Terry a fait beaucoup de bruits en Angleterre, car il ne trouve pas normal que les gens n’aient d’autre choix que d’aller en Suisse pour mourir dans la dignité mais sa position n’est pas facile. Il ne se cache pas les yeux sur le malaise que cette position peut engendrer.
Il est aussi dans une situation personnelle délicate car il faut être sain d’esprit et être capable de boire le poison pour que Dignitas vous aide mais il sait aussi que s’il attend trop, sa maladie lui otera la clarté d’esprit dont il a besoin pour demander cette mort. Il sait donc il peut être amené à demander à mourir alors qu’il ne sait pas combien de temps de lucidité il lui reste vraiment.
Cette critique n’est pas très bien structurée mais j’ai noté mes réflexions comme elles venaient. C’est un très bon documentaire. Intéressant, digne malgré un sujet qui pourrait tomber dans le sensationnel et très nuancé.