Résumé (éditeur) :
Au sud de l’Amérique profonde, en Alabama, un café au bord d’une voie ferrée… Ninny, quatre-vingt-six ans, se souvient et raconte à Evelyn les histoires incroyables de Whistle Stop. Et Evelyn qui vit très mal l’approche de la cinquantaine et sa condition de femme rangée, découvre un autre monde. Grâce à l’adorable vieille dame, elle peut enfin se révéler, s’affirmer… Une chronique nostalgique et tendre, généreuse et colorée, pleine de saveur et d’humour. Un baume au cœur, chaud et sucré.
Critique :
En classe de terminale, lors d’un cours d’anglais, on avait visionné le film tiré de ce roman et depuis quinze ans (déjà !), le roman m’attend sur mes étagères. Je me souvenais encore vaguement de l’histoire, des personnages surtout. Je me rappelais aussi du coté très flashback de la narration dans le film. Ce coté là provient du roman puisque les chapitres alternent les points de vue : histoire d’Evelyn qui vient régulièrement voir Ninny à la maison de retraite ainsi que, parfois, son quotidien, narration omnisciente du passé concernant l’un des habitants de Whistle Stop Café (principalement les deux propriétaires Idgie et Ruth mais pas uniquement), extraits de la gazette locale ou d’autres journaux. J’aime beaucoup ce coté un peu patchwork de la narration. La chronologie est clairement affichée donc c’est assez facile pour s’y retrouver.
J’ai aussi beaucoup aimé les personnages : Idgie, jeune fille un peu garçon manqué, un peu sauvage et parfois d’une grande sagesse, Ruth, sa compagne qui a fui son domicile, Ninny, vieille femme nostalgique mais si attachante (l’écriture rend bien compte de l’énergie de cette vieille femme qui transparait dans ses bavardages incessants), Evelyn aussi…
J’ai aimé la pudeur de l’auteur quand elle parle des relations entre les personnages : celle entre Idgie et Ruth, celle entre Ruth et son mari, mais aussi au sein d’autres familles et d’autres couples. Toutes les histoires ne sont pas heureuses mais il y a une sorte de générosité et d’humanité dans tous ces personnages…
L’image du Sud est bien différente de celle à laquelle on pourrait s’attendre. Au lieu d’un Sud puritain et raciste, le roman offre une vision plus optimiste, plus tendre de l’Alabama, sans pour autant nier la menace raciste pour les personnages noirs. A un moment dans le roman, Ninny explique que les blancs n’avaient rien contre les noirs locaux, car ils étaient « leurs » noirs, et finalement cela montre bien le fait que le racisme est plus ancré dans la peur de l’inconnu, du différent que dans autre chose…
Bref une lecture intéressante, très émouvante, avec son lot de mystères parsemés au fil du texte, de questions qui trouveront des réponses avant la fin de l’épais volume (475 pages dans mon édition poche). Bref une lecture très satisfaisante qui m’a donné envie de revoir le film.
PS : cette lecture entre dans le cadre du Bingo des Livres de Deidre pour la case B3 : un livre qui était dans votre pal depuis trop longtemps