J’aime bien l’émission de Ruquier, On n’est pas couché, même si je ne suis pas toujours d’accord avec les propos tenus par les chroniqueurs ou par l’animateur. Par curiosité, j’ai décidé de lire le livre d’un des chroniqueurs, No Steak d’Aymeric Caron. Une fois n’est pas coutume, je me suis lancée dans un essai sur un phénomène de société : le végétarisme.
Quatrième de couverture :
Bientôt, nous ne mangerons plus de viande. Nous cesserons définitivement de tuer des êtres vivants – 60 milliards d’animaux chaque année – pour nous nourrir.
D’abord parce que notre planète nous l’ordonne : en 2050 nous serons près de 10 milliards, et nos ressources en terres et en eau seront insuffisantes pour que le régime carné continue à progresser.
Mais au-delà des raisons économiques et écologiques, le passage au végétarisme va faire partie d’une nouvelle phase de notre évolution. La science nous prouve en effet un peu plus chaque jour que, contrairement à ce que nous avons longtemps prétendu, les animaux que nous exploitons sont des êtres sensibles, intelligents et sociaux. Dès lors, avons-nous encore le droit de les manger ? Le développement de l’éthique animale nous oblige aujourd’hui à reconsidérer nos devoirs vis-à-vis des autres espèces.
Aymeric Caron a mené l’enquête pour décrire, avec verve et humour, tous les aspects de notre étrange rapport à la viande. Pourquoi les chats et les chiens ont-ils un palace qui leur est dédié au Canada alors qu’en Chine ils peuvent finir au fond d’une casserole ? Pourquoi avons-nous choisi de manger en priorité des cochons, des poulets et des bœufs ? Comment ces animaux de consommation sont-ils produits ? Pourquoi Bill Clinton, Carl Lewis et Bryan Adams ont-ils décidé d’arrêter la viande ? Les végétariens vivent-ils vraiment plus longtemps que les carnivores ? Comment peut-on remplacer les protéines animales ?
Lui-même végétarien depuis plus de vingt ans, Aymeric Caron nous fait partager son expérience. Se gardant de tout prosélytisme et refusant les catéchismes de tout bord, il nous explique de manière limpide pourquoi, un jour, la viande disparaîtra.
Critique
Tout d’abord, je ne suis pas végétarienne. Je mange régulièrement de la viande. Donc, de prime abord, je ne suis pas une lectrice convaincue par le végétarisme. Rien contre non plus, mais plutôt sceptique.
L’ouvrage d’A. Caron a des bons côtés : bien écrit (il se lit très facile, pas de phrases alambiquées ou de jargon à tout-va), assez didactique (il nous initie aux termes propres à ce débat : la différence en végétarien, végétalien et vegan ou encore sur les positions philosophiques possibles), partisan mais pas méprisant (la carnivore que je suis ne s’est pas sentie insultée par les propos tenus) et des réflexions assez intéressantes.
Le principal intérêt que j’ai trouvé à cette lecture a été, non de me faire découvrir l’horreur de l’élevage industriel, je ne suis pas naïve à ce point, mais de m’amener à m’interroger sur mes positions. Je ne suis toujours pas une végétarienne convaincue. Je pense continuer à manger de la viande, du poisson et des œufs, mais je pense tenter de privilégier d’autres réseaux que les réseaux conventionnels, si je peux. Il y a une différence entre vouloir et pouvoir et je ne me fais pas d’illusion, la pratique rend cette volonté difficile à tenir. Oui, quand on veut, on peut, je sais, mais mon budget et le temps que j’ai à ma disposition ne rendent pas les choses si aisées à changer et je regrette que ce point ne soit pas abordé. Oui, une partie du problème vient de la volonté de rentabilité des industriels, mais l’argent en tant que limitation pour le consommateur n’est pas vraiment abordé et pourtant, c’est tout de même un argument de poids pour un certain nombre de ménage.
On arrive donc aux points faibles de cet essai. Sa grande dispersion me semble être le défaut majeur de l’argumentation. Je ne peux pas m’exprimer sur les chiffres utilisés mais l’auteur évoque de nombreux points de vue, des anecdotes, des digressions qui nous font perdre le fil et qui noie un peu la réflexion. Je serais méchante, je dirais qu’il fait du remplissage mais je parviens à voir le lien qu’il y a derrière ses digressions.
Bref une lecture intéressante, très riche vu les domaines abordés, didactique (parfois trop cf mon point sur les digressions). Ca ne m’a pas convertie mais au moins, cela m’a fait réfléchir.
NB : Et en prime, ca me permet de valider la case du défi de Deidre, Le Bingo des Livres (informations ici) puisque c’est pour moi « un essai sur un sujet que vous ne maitrisez pas ».