Programme de l’agrégation externe d’anglais oblige, je viens de finir le roman Chez les heureux du monde (en version originale : The House of Mirth) de l’américaine Edith Wharton. Un roman, somme toute, assez court qui raconte la vie de Lily Bart, jeune mondaine désargentée qui cherche à se faire une place dans la société mondaine du New York du début du siècle (pas ce siècle-ci mais le précédent, bref dans les années 1900. Le programme de l’agrég lui joint le film avec Gillian Anderson (rappelez-vous Scully dans X-Files), ce qui tombe bien vu que j’ai le dvd mais je ne l’ai pas encore vu.
Résumé
Retournons d’abord à l’histoire qu’on nous raconte. Lily est une très belle jeune femme qui a grandit dans la richesse jusqu’à la ruine de son père et qui, surtout, a appris à mépriser la pauvreté et la médiocrité. Seulement voilà… Comment se fait-on une place parmi la bonne société new-yorkaise quand on a pas un sou vaillant ?
Critique
L’histoire est intéressante, un peu convenue puisque la fin semble tracée presque dès le départ. Ce qui frappe, c’est le combat de Lily contre les manipulations les plus viles que tout le monde la pousse à faire. Pour se faire une place dans cette bonne société, certaines (et certains) n’hésitent pas à avoir recours à de basses manœuvres et à colporter des rumeurs sur celles qu’elles souhaitent écarter de leur chemin. Alors que les ambitions de Lily la poussent à utiliser tous les moyens à sa portée, elle se bat aussi pour rester digne et décente.
J’aimerais rapprocher ce roman d’autres, notamment Evelina de Frances Burney (elle aussi au programme de l’agrég) et les fictions de Jane Austen. Toutes ces œuvres traitent un peu du même thème : quelle place pour une femme dans la bonne société ? Et surtout quels dangers la guettent ? La place de la femme dans ces romans tourne souvent autour de la question du mariage. Lily tente de se trouver un mari, elle intrigue, elle séduit, elle manipule un peu et au final … (si vous voulez savoir, vous n’avez qu’à lire). On retrouve la même chose dans Evelina et chez Austen où les femmes y sont plutôt les victimes de ces manigances. Lily aussi mais elle semble moins innocente. Elle a déjà 29 ans et une certaine habitude de ce milieu-là (contrairement à Evelina et les héroïnes d’Austen).
Autant le dire de suite, l’originalité de Lily Bart, outre son côté plus aguerri face à la bonne société new-yorkaise, réside dans son destin, plus tragique que les autres héroïnes. Elle ne rencontrera pas l’homme parfait qui verra au-delà des apparences et comblera ses attentes. Probablement justement parce qu’elle est habituée à cette société, qu’elle en est le produit alors que ses consœurs y sont naturellement étrangères… Ce que j’aime dans cette héroïne, c’est le coté très déchiré de Lily Bart, entre son ambition et ses principes, ce qui la distingue des naïves que sont Evelina ou les jeunes femmes chez Austen, sans pour autant donner un tableau trop négatif de cette femme qui se bat pour obtenir une position confortable dans la société.