Tempête. Trois sorcières réunies sur la lande. Un noble qui tue le roi légitime. Ça vous rappelle quelque chose ? Normal mais, avec Pratchett, c’est tellement plus qu’une simple réécriture de Shakespeare…
Trois soeurcières est mon Disque-Monde préféré. Tout d’abord il introduit les sorcières : Mémé Ciredutemps, (elle aurait tellement voulu être une sorcière traditionnelle avec des verrues mais sa peau reste celle d’une jeune fille…), Nounou Ogg (son truc c’est l’alcool et les hommes) et Magrat (la sorcière new age du groupe). On résumé la vieille fille, la mère et la jeune fille. L’alchimie entre les trois femmes est parfaite.
L’histoire est librement inspirée de Shakespeare, un peu de Hamlet (Magrat a des cotés d’Ophelia, le stratagème de la pièce dans la pièce), de MacBeth (évidemment, le noble ambitieux mené par sa femme à tuer son roi pour prendre sa place) et des éléments qui rappellent d’autres pièces : par exemple le fou n’est pas sans rappeler celui de Lear.
Ce que j’aime dans ce roman est aussi la forte dominante en matière d’humour de la parodie. Pratchett joue avec les mots et notamment avec les textes de Shakespeare. Il montre ici son érudition (comme dans tous ses romans). J’adore la veine parodique de Pratchett et son sens de ses bons mots.
Au travers de ce roman on a surtout une profonde réflexion sur le théâtre et sur le destin, sur le sens qu’on donne à la vie : la destinée est-elle écrite à l’avance et tout est écrit d’avance ou peut-on l’écrire (ou la réécrire pour le cas du passé) en modifiant la manière dont elle est rapportée ?
{{La destinée, oui, c’est important, t’vois, mais les gens se trompent s’ils se figurent qu’elle les dirige. C’est le contraire.}}
J’ai de nombreuses fois lu ce roman. En français et en anglais. Et il faut saluer la traduction de Patrick Couton qui rend si bien la répartie de l’auteur et sa verve.
A mes yeux, s’il y a UN Pratchett qu’il faut lire, c’est celui-là.