Résumé éditeur
Il est loin le temps où Maggie représentait fièrement l’Alabama, au concours de Miss America. À 60 ans, fatiguée, elle pense avoir connu le meilleur de la vie et s’apprête à mettre fin à ses jours, sur la pointe des pieds, sans gêner personne. Seulement il fallait que Brenda téléphone à ce moment-là. Deux places pour un spectacle de derviches tourneurs, dans huit jours, ça ne se refuse pas… Pour faire plaisir à son amie, Maggie accepte de retarder l’échéance d’une semaine. Et ces quelques jours vont lui montrer que l’existence a encore beaucoup plus à lui offrir qu’elle ne le croyait…
Critique
J’ai complètement craqué pour ce roman par l’auteur de Beignets de tomates vertes, Fannie Flagg. On ouvre ce roman avec un portrait de Maggie, ancienne Miss Alabama, qui ne voit que des avantages à mettre fin à ses jours :
Tout simplement, et aussi discrètement que possible, elle quitterait l’existence un peu plus tôt que prévu, et voilà. Tactique d’évitement (extrême, dans ce cas) ; incapacité de faire face au réel (évidemment) ; frappe préventive contre la vieillesse (à coup sûr). Du côté positif, en partant maintenant, elle aidait l’Assurance sociale à économiser un peu d’argent. Elle limitait son empreinte carbone une bonne fois pour toutes. Elle consommerait moins d’oxygène, d’essence, d’eau, de nourriture, de matières plastiques et papiers divers. Il y aurait moins de marc de café dans les déchets. Al Gore lui en serait vivement reconnaissant.
J’ai retrouvé certains éléments que j’avais aimés dans Beignets de tomates vertes. Déjà l’action se situe dans le même décor, plus ou moins : le sud des Etats Unis, notamment l’Alabama. On sent un véritable attachement à cet état et en particulier à la ville de Birmingham. J’ai beaucoup aimé le regard que la narratrice porte sur son état et ses concitoyens : certes, l’Alabama et en particulier Birmingham est réputé pour les violences autour du mouvement des droits civiques, elle l’admet mais le regrette en montrant, comme dans Beignets de tomates vertes, que cette position n’est pas unanime et que certains ne partagent ce point de vue.
Autre élément qu’on retrouve, le jeu entre le présent (la vie de Maggie au moment où elle décide de se suicider) et les retours dans le passé : celui de Maggie, mais aussi celui de ces amies ou connaissances. Au travers de ces flashbacks, on se rend compte que le passé pèse énormément sur le présent des personnages. En fait ce poids du passé est au cœur du roman : Maggie est hantée par l’idée d’avoir échoué sa vie, par l’idée que tout le monde autour d’elle connait ses échecs et les lui reproche. De même, la ville de Birmignham semble être indissociable des troubles des années 1960 avec l’impossibilité d’évoluer et d’aller au delà.
C’est un roman très agréable à lire, bien écrit, fluide et bourré d’optimisme.