Persuasion est le dernier roman fini par Jane Austen. (Il y a encore deux autres romans qui me restent à lire, les Watson et Sandition mais aucun de ces romans n’a été terminé, l’un abandonné en 1804, l’autre reste inachevé à cause de la mort de l’auteur).
Dans Persuasion, on rencontre la famille Elliot. Le père est baronet et fier de l’être, même s’il n’a pas les finances pour vivre en accord avec son rang. Bref le père est fat et dépensier. La fille aînée, Elizabeth est digne de son père, vaniteuse et stupide. La plus jeune des trois soeurs Elliot, Mary, passe son temps à se plaindre de maux imaginaires et croit que le monde tourne autour d’elle. Et parmi cette famille assez peu gâtée par la vie, il y a Anne, la seconde fille. Intelligente, sensible et assez perspicace, elle jette un œil critique sur sa famille. Au début du roman, son père et Elizabeth, devenue vieille fille, décident de mettre leur grande demeure en location et d’aller vivre (à moindre coût) à Bath. Mary, quant à elle, est déjà mariée et installée chez elle. Anne est trimballée d’un foyer à un autre, selon les besoins sans véritable respect ni reconnaissance de son utilité. Elle passe donc quelques mois avec sa jeune soeur et là, elle retrouve le capitaine Wentworth, un ancien prétendant qu’elle a repoussé, sous l’influence de sa famille et d’une amie proche, Lady Russell.
On retrouve plusieurs éléments fréquents chez Jane Austen : l’absence de la mère, ici elle meurt quand les trois sœurs sont jeunes, remplacée dans son rôle par Lady Russell, une de ses amies proches, les liens problématiques entre mariage, amour et argent, les relations frères et sœurs.
Je trouve que la question du mariage est abordée plus sereinement, plus positivement que dans d’autres Jane Austen. Par exemple, dans Raison et sentiment, il n’y a quasiment aucun couple véritablement heureux alors que dans Persuasion, on en trouve plusieurs exemples : les Musgrove (les beaux-parents de Mary), les Croft (les locataires de Sir Elliot), les Harville. Ce sont généralement des couples humbles, centrés sur leur famille et qui évitent les divertissements des villes comme Bath (à part peut etre les Croft et encore). Bref, ils s’épanouissent loin des salons et des rencontres mondaines.
Toujours dans Raison et sentiment, la question qui se posait pour les deux jeunes filles était celle du second attachement. Comment être heureuse après avoir eu le cœur brisé ? Ici le parcours d’Anne ressemble à celui d’Eleanor, même attitude réservée et raisonnable.
Il y a moins de rebondissements que dans certains autres romans de Jane Austen, rien que de la vie quotidienne et pas de scandale contrairement à Orgueil et Préjugés. C’est peut être une autre raison pour laquelle je trouve ce roman plus posé.
En tout cas, j’ai beaucoup aimé ce roman. La fin est un peu rapide je trouve, un peu frustrante car elle laisse beaucoup de scènes à l’imagination mais c’est un roman agréable.