L’empereur de Sequana veut faire disparaître la magie de sa cité et persécute les êtres féeriques. Ils trouvent refuge dans l’hôtel de Beauregard, un détective de l’étrange qui travaille officiellement pour le pouvoir. Depuis quelque temps, des sorts sèment le chaos dans la cité. Une entité maléfique répand la terreur, personne n’est à l’abri. Armé de sa canne-épée, assisté de la jolie Jeanne aux étranges pouvoirs, Beauregard enquête dans les ruelles et les palais de la capitale, transformée en théâtre de cauchemars.
Critique
Difficile de définir ce roman. On se trouve dans une version alternative de Paris, au dix huitième siècle mais la ville se nomme Sequana, est gouvernée par un empereur du nom d’Oberon III (marié à Titania) et partagée entre humains et être féériques. On est donc dans une uchronie où l’auteur a inséré une forte dimension magique.
Ce roman est aussi un peu policier. Beauregard est un enquêteur de l’étrange et doit résoudre un certain nombre d’énigmes (trafic de substances nocives, femmes mystérieusement pétrifiées, enlèvement d’un membre de la famille royale). Les mystères s’enchaînent au fil du roman…
Ce roman est très très riche. L’auteur nous présente un monde qu’il a bien construit avec ses célébrités, ses lieux et son organisation. Hervé Jubert a créé ce que Tolkien appelait un monde cohérent, qui tient debout et qui est très complet. Cela se voit au travers des nombreuses notes de bas de page présentes dans le texte.
Ce roman est aussi riche en références. Quelques exemples, le couple impérial porte les noms du roi et de la reine des elfes dans le folklore anglais, Obéron et Titania. Un ami de Beauregard se nomme Gustave Doré, le dessinateur. Un autre ami, qui se trouve être vampire, est Polidori (vous savez l’auteur du roman Le Vampire). Bref, très riche mais il est difficile pour le lecteur de distinguer la réécriture de l’invention dans toutes ces références.
Enfin quelques mots sur le style du roman. La lecture m’a semblé difficile. L’auteur utilise un vocabulaire daté, parfois précieux. En plus, l’histoire est un peu “hachée”. On quitte un personnage dans une situation périlleuse en fin de chapitre. Début du chapitre suivant : un tout autre événement est raconté. Et seulement le chapitre suivant, on obtient l’explication, le lien logique et chronologique entre les deux chapitres précédents.
J’ai aimé la richesse du roman et ce brouillage entre réel et invention mais cette richesse se fait au détriment de l’intrigue policière et de l’approche des personnages. Au final, beaucoup de questions restent en suspens. Les personnages sont effleurés, assez pour qu’on voit des zones d’ombre et que l’on devienne curieux à leur sujet mais on reste quand même un peu sur notre faim. C’est une lecture exigeante, difficile, trop riche et au final assez frustrante. J’en ressors avec l’envie d’en savoir plus sur les protagonistes et la peur d’une nouvelle lecture aussi étourdissante de détails inutiles mais frustrante sur le principal de l’intrigue.