Catherine Morland est une jeune provinciale qui se rend dans une ville à la mode pour la première. Elle accompagne un couple d’amis de ses parents, les Allen, à Bath, où elle se fait des amis dont les Tilney. Ces derniers l’invitent passer quelque temps chez eux pour sceller leur amitié naissante, à Northanger Abbey, une abbaye comme dans les romans gothiques que Catherine aime tant…
Northanger Abbey est un des premiers romans de Jane Austen, voire le premier, même si il fut publié de manière posthume. Pour la petite histoire, Jane Austen avait réussi à vendre ce manuscrit à un éditeur. Mais, après lecture, ce dernier, qui avait des billes dans la publication de romans gothiques, préféra ne pas publier cette parodie de peur d’offenser ses auteurs habituels… Donc, dans ce roman, Jane Austen parodie les romans gothiques comme ceux de Walpole ou d’Ann Radcliffe. Elle cite abondamment les Mystères de Rudolphe d’ailleurs.
Ce que j’aime dans les romans de Jane Austen, ce n’est pas l’histoire sentimentale, qui est souvent secondaire, mais son ironie, la manière dont elle se moque de ses héroïnes : Catherine Morland est ignorante et ne le cache pas. Elle est naïve, je dirais même immature. Un pas vers la maturité est réalisé quand l’enfant comprend que les autres n’ont pas forcement les mêmes motivations, la même vision et les mêmes connaissances que soi. Quand elle doit expliquer l’étrange attitude des personnes qui l’entourent, notamment les Thorpe, elle cherche des raisons honnêtes et décentes (reflétant ses valeurs), au lieu d’y voir leur vraie nature : la cupidité et l’intéressement. Elle se laisse aussi convaincre par son imagination : elle transpose des intrigues dignes des romans gothiques à la “vraie” vie. Bref, elle n’a clairement pas les pieds sur terre et le narrateur s’en amuse. 🙂
Je trouve dommage qu’on cantonne Jane Austen à de la littérature sentimentale alors qu’il y a beaucoup plus que cela chez elle. Une lecture toujours aussi agréable et je compte prochainement me refaire tous les autres romans de cette auteure.