En 1951, Philomena Lee, jeune irlandaise, tombe enceinte. Sa famille l’envoie au couvent de Roscrea. Là, les bonnes sœurs l’aident à accoucher et l’obligent à travailler pendant trois ans pour rembourser les frais médicaux. Elles l’obligent à renoncer à son fils Anthony, qu’elles font adopter par une famille américaine. Décembre 2004, elle décide de retrouver son fils…
Tout d’abord c’est une histoire vraie. Lors d’une soirée pour les fêtes de fin d’année, Martin Sixsmith, journaliste, rencontre une jeune femme qui lui raconte l’histoire de sa mère, Philomena, hantée par ce fils qu’elle a été obligée d’abandonner. Il l’aidera à retrouver la trace d’Anthony Lee, né en 1951, au couvent de Roscrea. Il publiera un livre, qui sera adapté en film par Stephen Frears. Le livre contient toute la vie d’Anthony que Martin Sixsmith a réussi à reconstituer alors que le film raconte davantage l’enquête. Au final, les deux sont complémentaires.
Le livre de Martin Sixsmith
Tout d’abord, je trouve que le titre est trompeur. En français, il s’intitule Philomena alors qu’en anglais, c’est The Lost Child of Philomena Lee. Le titre en VO me semble plus juste car Philomena n’apparaît que dans les premiers chapitres.
Cet ouvrage raconte donc l’histoire d’un jeune homme, irlandais de naissance mais américain d’adoption, toujours déchiré entre ses deux origines. Déchiré au point d’en être destructeur et dans tout ce qu’il fait, il semble empli de paradoxes. Son histoire est très touchante, parfois révoltante. J’ai ressenti un grand sentiment de gâchis à la fin de la lecture à cause de la personnalité destructrice d’Anthony mais aussi à cause des mensonges qu’on lui a sortis…
En dehors de l’aspect biographique, j’ai aussi trouvé très intéressant la description de l’Amérique des années 70-80s et notamment celle du Parti Républicain : les magouilles électorales (le gerrymandering surtout : le redécoupage des zones électorales pour favoriser un parti ou l’autre) et la position de ce parti vis-à-vis des homosexuels et du SIDA, épidémie alors conçue par les plus extrémistes et les plus religieux des Républicains comme une punition divine.
Le film de Stephen Frears
Au final, le film m’a davantage plu. Tout d’abord, le film est centré sur Philomena donc plus fidèle au titre. Et j’ai trouvé que le film maintenait un certain suspens puisque tourné vers l’enquête du journaliste et de Philomena. L’intérêt était donc mieux ménagé, je trouve. Cela vient peut être aussi du fait que j’ai vu le film avant le livre donc je connaissais déjà la vie d’Anthony dans les grandes lignes. Toujours est-il que la méthodologie de l’enquête, les joies et les déceptions de la recherche m’intéressaient davantage. Cela dit, le film traite moins en profondeur le contexte américain que le livre.
J’ai aimé les deux, le livre et le film. Ils sont clairement complémentaires et pour cela les deux méritent d’être vus/lus. Dans les deux, on découvre une histoire touchante, soit du point de vue de la mère séparée de son enfant, soit du fils qui se sent toute sa vie abandonné.