Résumé :
Eduquée par Arthur Villars, un proche de sa mère morte en couche, Evelina fait un séjour chez Lady Howard. Cette dernière l’autorise à accompagner sa fille, Mrs Mirvan, et sa petite fille, Maria Mirvan, à Londres où la jeune Evelina découvre les plaisirs mondains de la bonne société mais aussi ses embûches. Elle y rencontre plusieurs hommes, qu’elle recroise tout au long du roman et doit faire face à leurs manigances pour la séduire et la perdre, elle qui n’est pas très haut dans l’échelle sociale, vu que sa mère est morte et que son père ne la reconnaît pas…
Critique :
Ce roman fut écrit par Frances « Fanny » Burney et publié en 1778. C’est un roman épistolaire au style très daté. C’est pas désagréable mais assez déroutant quand on n’est pas trop habitué. Le début est un peu difficile parce que les premières lettres sont écrites par des personnages secondaires et qu’elles regorgent de noms au point qu’il est peu aisé de bien suivre qui est qui… Mais au fil des pages, la situation s’éclaircit. J’ai aussi aimé le fait que ces premières lettres introduisent l’héroïne, Evelina.
Le roman se divise en trois parties, qui coïncident plus ou moins avec les trois expéditions d’Evelina (Londres avec les Mirvan, Howard Grove puis Londres avec Mme Duval et enfin Bath). Il y a une vision satirique de la société assez poussée : les amusements ne sont pas les mêmes qu’on soit avec la haute société (les Mirvan, même si l’époux de Mrs Mirvan est un capitaine de bateau assez rustre), avec une parvenue française (Mme Duval) ou avec une vieille amie de la famille à l’ironie bien trempée (la dame qui emmène Evelina à Bath). A chaque fois, Evelina rencontre toujours plus ou moins les mêmes hommes mais il est révélateur que leurs attitudes changent ou non, selon le contexte.
Les personnages me rappellent un peu ceux de Jane Austen. Et pour cause, il semble qu’Austen ait lu les romans de Frances Burney, au point que l’un des titres d’Austen (Pride and Prejudice) doit son titre à la conclusion d’un autre roman de Burney (Cecilia, 1782).
Evelina est une jeune femme inexpérimentée (elle accumule les bourdes en ce qui concerne le protocole) mais elle a un côté rebelle qui plait bien à ma mentalité bien rebelle. Elle ne se laisse pas faire, même si elle ne peut pas se permettre d’être aussi tranchante qu’une femme du XXe siècle.
J’ai aimé ce roman. A la base je le lisais pour préparer le programme de l’agrégation d’anglais 2015. Mais je me suis laissé prendre au jeu. C’est bien raconté. Il y a le charme d’un bon roman sentimental à la J. Austen ainsi qu’un regard assez acide sur la société contemporaine de l’auteur.