Quatrième de couverture :
Bienvenue à Pagford, petite bourgade en apparence idyllique. Un notable meurt. Sa place est à prendre… Comédie de mœurs, tragédie teintée d’humour noir, satire féroce de nos hypocrisies sociales et intimes, ce formidable roman confirme le talent d’un écrivain prodige.
Critique :
J’étais très curieuse de lire ce que J.K. Rowling pouvait écrire après Harry Potter. Je voulais attendre la version poche en VO et puis j’ai oublié et à la sortie du poche en français, j’ai craqué. Tout d’abord il faut savoir que c’est un sacré pavé. 790 pages. Je trouve la couverture assez belle et donne bien cette impression de petite ville paumée qu’est Pagford.
Tout d’abord, l’intrigue. Pagford est un patelin voisin d’une plus grosse ville, Yarville dans le Sud-Ouest de l’Angleterre. Dans le passé, Yarville voulait construire une cité de logements sociaux, mais à défaut de place, suite à une tractation on va dire douteuse, cette cité, nommée les Champs, s’est finalement érigée sur le territoire de Pagford. Hors un certain nombre de « bons citoyens » de la bourgade voudraient bien se débarrasser de ce « poids ». C’est la position tenue par Howard Mollison et sa clique. Face à eux, il y a Barry Fairbrother. Cet homme jovial est issu de cette cité et à force de travail il s’est fait une place dans la société pagfordienne et lutte pour reconnaître les habitants des Champs comme des pagfordiens à part entière. Seulement voilà, un soir, Barry meurt prématurément. Ce roman raconte les intrigues et les manigances de quelques familles pour s’assurer que leur poulain à chacun accède à la place au conseil paroissial que ce décès a laissé vacant.
J’ai dit tout ça et pourtant, j’ai à peine effleuré l’intrigue. On suit plusieurs familles. L’une des difficultés que j’ai rencontrée réside dans la profusion de personnages. J’ai eu parfois du mal à me rappeler qui est qui. Au bout d’une centaine de pages, cela se remet en place. Toujours est-il qu’il y a beaucoup de personnages. De plus j’ai aimé le travail que l’auteur a effectué sur quasiment chacun d’eux. Ils ont tous une personnalité qui leur est propre, tous ont leurs peurs et leurs espoirs, leurs petits secrets, leurs qualités et leurs défauts.
L’action se déroule sur quelques mois en tout, peut être même moins, quelques semaines. Cependant on a une vision « par génération ». Ce que je veux dire, c’est que ces intrigues sont aussi bien le fait des parents que de leurs enfants. Les actions des uns ont des conséquences (drôles ou dramatiques) sur les autres. J’avoue que j’ai préféré la génération des adolescents : ils semblent plus « bruts », plus « francs », moins dans l’hypocrisie et encore dans une forme, non d’innocence, mais d’une certaine pureté des intentions, sans calculs contrairement à leurs parents. Je me suis plus attachée à certains que d’autres.
Il est difficile de parler de J.K. Rowling sans avoir en tête plus ou moins consciemment Harry Potter. On est loin ici de la fantasy. L’ambiance est plus sombre, plus féroce. Les mots (selon le personnage qui est le centre de l’attention du passage) sont parfois plus crus que dans la saga précédente. Mais, comme dans celle-ci, je retrouve le même soin apporté aux personnages et à l’intrigue, ainsi qu’une grande fluidité de l’écriture.
J’ai trouvé ce roman très agréable à lire, très addictif (et j’ai du lire les deux cents dernières pages d’une traite, faisant une pause pour manger qu’avec difficulté tellement j’étais accrochée). J’ai aussi ressenti pas mal d’émotions selon les passages, de l’indignation, de la colère, de la tristesse aussi. Bref, ne vous attendez pas à de la fantasy légère, mais ce livre est très très bon et mérite d’être lu.