Tout d’abord je remercie Babelio et les éditions Noir d’Absinthe de m’avoir permis de bénéficier de cette lecture dans le cadre de la Masse Critique de Mars 2022. Et je les remercie aussi vivement d’avoir été patients et d’avoir pallié les insuffisances de certains services postaux. ♥
L’objet : Zhaodi est un beau livre, vraiment. Une magnifique couverture qui correspond très bien au récit. Des pages aérées. Des têtes de chapitre agréables. Une bonne reliure. Un bel objet.
L’histoire : Zhaodi apprend que sa mère vient de mourir. Elle se rend à la cérémonie et y retrouve son père, qu’elle n’a pas vu depuis des années. En discutant, ils décident de creuser un peu car la mort de cette femme est suspecte, et pourrait bien être liée à leur séjour à tous dans une secte.
La structure du roman : le récit est composé de chapitres courts, qui se lisent vite. Cela donne une lecture rythmée. On suit alternativement Zhaodi, jeune femme traumatisée par son passé et Cheng, son père. Il y a aussi de très nombreux flashbacks mais globalement on parvient très bien à suivre le fil de l’histoire.
Les personnages : Les deux protagonistes sont intéressants. Zhaodi est une jeune femme dont la naissance était non désirée. Elle a le malheur d’être née femme et dans le contexte de la Chine des années 80, avec sa politique de l’enfant unique (et de préférence masculin), elle en paie le prix. Sa mère la rejette. Elle est vue comme un enfant impur, qui prend la place d’un enfant masculin qui, lui, serait chéri. Entre la haine de sa mère et les abus vécus dans la secte, Zhaodi finit par être une adulte froide et cynique. Personnage typique qui a survécu à un traumatisme mais aussi personnage auquel j’ai eu du mal à m’attacher. Elle me fait de la peine dans tout le bourrage de crane qu’elle a pu subir et avec lequel elle se débat.
De l’autre coté, on a son père qui a tenté de l’abandonner à sa naissance mais ne parvient pas à s’y résoudre. Un personnage lâche mais avec un fort instinct de survie et un grand attachement pour sa fille mais qu’elle méprise.
Mon avis : J’ai trouvé ce roman très intéressant, notamment à cause des deux personnages principaux, Zhaodi et Cheng, tous deux victimes à leur manière d’un système patriarcal qui étouffe les personnalités qui ne rentrent pas dans le moule et qui ne font pas ce que l’on attend d’elles. On voit bien l’emprise psychologique que ces valeurs ont sur eux et comment elles les détruisent.
L’intrigue est prenante. Qui a tué Xian ? Pourquoi ? Par contre, je ne suis pas une adepte des trigger warnings mais il y a des passages très violents, avec des scènes de sexe assez crues. La manière froide avec laquelle tout cela est raconté colle bien avec la distanciation et la froideur nécessaire à Zhaodi pour survivre, mais cela rend le récit assez glaçant.
J’ai bien aimé ce roman mais j’en sors avec un sentiment d’amertume et de tristesse, notamment parce qu’il y a du vrai dans les idées développées et dans certains faits historiques (comme les vans d’exécution). A réserver aux lecteurs avec le cœur bien accroché quand même.