Avant de commencer cette chronique, je voudrais remercier les éditions Seuil Jeunesse et le site Netgalley de m’avoir fait bénéficier de cette lecture.
Petit résumé :
Dans une lettre à sa mère décédée, Phoebe raconte sa 16e année. Elle est une adolescente écossaise, qui vit au calme, sur une petite île. Elle vit avec son père qui tient un café. elle doit traverser la mer pour aller à son lycée, sauf quand la marée est haute et qu’elle dort à l’internat. Elle partage alors sa chambre avec sa meilleure amie, Bethany. Elles se connaissent depuis leur plus petite enfance et Bethany s’est habituée à la différence de Phoebe. En effet, Phoebe est autiste et l’adolescence est un parcours semé d’embûches pour elle… Heureusement elle a ses rituels et ses habitudes pour faire face jusqu’au jour où cela ne sera plus suffisant. Elle devra se dépasser pour parvenir à sortir sa meilleure amie d’une situation compliquée…
Critique :
Ce livre est un véritable coup de cœur.
Tout d’abord je voudrais parler de Phoebe. On a un personnage autiste féminin, pour une fois. Pas un garçon surdoué. Certes Phoebe est calée mais parce qu’elle fait tout à fond. Elle se passionne, elle se renseigne, elle ne fait rien à moitié. Elle potassera le sujet pour la moindre question, avec des arguments, des recherches, pour donner la meilleure réponse possible. Et puis il y a les domaines où elle n’est pas douée, soit qu’elle s’en désintéresse, soit elle ne comprend pas. Prenez les relations interpersonnelles. Elles sont régies par pleins de règles implicites, règles qu’elle ne connaît pas, qu’elle ne trouve pas logiques. Donc elle gaffe parfois, elle peut paraître froide et très logique.
Pour avoir un proche autiste, je trouve le portrait de l’autisme transmis dans ce roman très conforme à mes connaissances et à mon expérience de cette différence. J’aimerais dire que c’est drôle mais ce n’est pas vraiment le but. C’est attendrissant, c’est aussi le regard d’une jeune fille qui grandit, et c’est aussi rafraichissant. Un côté aussi un peu déstabilisant parce qu’on se reconnaît aussi dans ce qu’elle ne comprend pas. D’un côté la vision me semble très en accord avec la réaction de certains autistes, de l’autre, je me suis posée la question de la légitimité et de la solidité de cette vision. Il apparaît que l’auteur a une petite fille autiste, pour le moment âgée d’une dizaine d’années, mais que lui et sa femme se préparent à son adolescence.
Le roman aborde aussi des thèmes qui parlent à tous les adolescents : grandir, avec son lot de questions et de choix que cela implique : l’amitié, les premiers émois, les premières relations amoureuses et parfois sexuelles, l’orientation sexuelle et même l’orientation professionnelle.
J’ai aimé la bienveillance globale du roman. Oui, Phoebe fait des faux pas sociaux. Elle gaffe, elle tient des propos directs et francs, avec une certaine ténacité. Elle sait ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. Elle a ses projets et ses valeurs et elle n’en démord pas. Elle et son amie Bethany, chacune à leur manière, montre aussi comment elles devront apprendre à s’affirmer par rapport à une société et à des adultes, qui ne partagent pas toujours leur vision des choses.
Difficile de ne pas en dire trop sans spoiler mais c’est un beau roman sur l’acceptation des différences, de l’émancipation et de l’affirmation de soi.