Résumé éditeur :
” Elles incarnaient “la jeune fille américaine”, ce que le monde avait réussi de plus parfait ” : pour Mrs St. George, ces cinq jeunes filles fraîchement débarquées à Londres sont un ravissement… Mais pour le petit monde étroit de l’aristocratie anglaise, leur pedigree laisse à désirer, et leurs ambitions paraissent bien vulgaires – et puis quelle idée de fumer et de s’exhiber ainsi sans vergogne ? Les ” boucanières ” n’en ont cure : à elles la belle vie, les bons plaisirs et les beaux partis !
Critique :
Tout d’abord je remercie Mosaik qui m’a offert ce roman dans le cadre d’un swap autour des classiques de la littérature. J’avais déjà lu ”Chez les Heureux du monde” de cette auteure et j’ai désiré en découvrir davantage. Dans ce premier roman, j’avais aimé le portrait d’une femme cherchant à survivre dans un milieu retors. C’était une lecture fascinante mais aussi empreinte d’un certain sens tragique. Bref je m’attendais à un autre portrait de femmes se battant contre les préjugés de leur époque et y laissant des plumes.
Le roman débute par l’introduction de ses 5 héroïnes : Conchita, jeune fille sensuelle mais qui porte le stigma social d’être fille de divorcée, Lizzy et Mabel, deux sœurs d’une bonne famille new yorkaise ainsi que Virginia/Jinny et Annabel / Nan Saint-Georges. Les cinq jeunes filles sont liées d’une amitié qui n’est pas dénuée d’une certaine rivalité, notamment auprès des hommes. Quand on les découvre au début du roman, les aînées ont 18 ans et sont frustrées : bien que charmantes, elles sont boudées par la bonne société qu’elles rêvent d’intégrer.
Le récit suit surtout Nan, la plus jeune des soeurs Saint Georges. Un peu éclipsée par la beauté de ses aînées, elle est aussi moins attirée par les amusements de celle-ci et se montre d’une sensibilité beaucoup plus développée. Elle sera guidée par sa gouvernante, une jeune femme anglaise qui s’est exportée en Amérique afin de pouvoir aider sa famille.
Étudiant en parallèle les œuvres d’Henry James et sachant que les deux étaient proches, je remarque des similitudes dans leur traitement de jeunes américaines confrontées à la bonne société anglaise, fin XIXe – début XXe siècles. Dans les deux, on retrouve ces américaines insouciantes, qui aiment s’amuser et séduire mais qui, à quelques exceptions près, je pense ici à Nan, ne savent pas apprécier l’art et la nature européens. Seule Nan s’intéresse à la poésie que sa gouvernante lui conseille, ainsi qu’à l’architecture et la peinture. En face de ces jeunes filles apparemment insouciantes mais qui savent intriguer pour parvenir à leurs fins, se dresse le vieux monde et ses aristocrates anglaises, à l’esprit borné, coincés dans leurs traditions. Cela donne un tableau où personne, toujours à part quelques exceptions, n’en sort vraiment grandi, ni les Américaines, ni les Anglais qui les reçoivent.
Globalement j’ai apprécié le roman mais j’ai trouvé qu’il y avait des longueurs parfois et que je ne voyais pas forcément où l’auteure voulait en venir. Elle présente de nombreux personnages et certains rebondissements sont assez prévisibles. Ce qui m’a cependant surprise, c’est la fin du roman. Sans rentrer dans les détails, je m’attendais à quelque chose d’assez sombre. Après tout le portrait de ces deux sociétés, ces deux cultures qui se confrontent, a de quoi inquiéter et j’ai trouvé la fin particulièrement plus optimiste que mes attentes. Il faut dire que les fins des textes que j’ai lus d’Henry James ainsi que de ”Chez les Heureux du monde” étaient assez amères.
Ce roman était inachevé à la mort de l’auteure et a été complété par Marion Mainwaring. Cette dernière était traductrice, écrivain et critique littéraire. Elle a aussi participé aux recherches sur la biographie d’Edith Wharton et a elle-même publié la biographie de William Morton Fullerton, l’amant d’Edith Wharton. Cependant, bien qu’elle soit calée sur la biographie de l’auteure, je me demande comment elle a choisi la fin. L’auteure avait-elle des carnets avec les grandes lignes de ses textes ? Avait-elle mentionné dans des lettres la fin prévue ? Mais il faut admettre que le passage entre le texte initial et inachevé et la fin imaginée et rédigée par Mainwaring ne transparaît pas.